Intervention de Bertrand Martinot

Délégation sénatoriale aux entreprises — Réunion du 1er octobre 2015 : 1ère réunion
Table ronde 1 : pourquoi l'apprentissage recule-t-il en france

Bertrand Martinot, économiste :

Le ministère du Travail n'a pas les personnels suffisants, ni au niveau déconcentré, ni au niveau central, pour gérer une telle compétence. À la Délégation générale pour l'insertion professionnelle, seules trois personnes s'y consacrent. Le minimum d'un système d'apprentissage, c'est un référentiel de diplômes nationaux, comme en Allemagne. Techniquement, c'est à l'Éducation nationale de s'en charger. Un tronc commun demeure, même si l'on peut souhaiter le réduire, pour lequel l'Éducation nationale est incontournable. Il en est de même pour l'orientation. Comment le ministère du Travail pourrait-il orienter les jeunes à 14, 15 ou 16 ans ? Mieux vaudrait que l'Éducation nationale s'acculture à l'apprentissage plutôt que de vouloir le lui extirper. Les fonds publics sur l'apprentissage sont mal répartis, c'est certain. Néanmoins, globalement, nous n'avons pas de problème d'argent. Il faut exploiter le réservoir des lycées professionnels. Une année en lycée professionnel coûte 12 000 euros, contre 8 500 euros pour l'apprentissage : j'estime que l'on peut former 100 000 à 150 000 apprentis de plus en faisant des économies pour les finances publiques.

En Allemagne, on entre en apprentissage à seize ans et les entreprises s'engagent sur trois ans, en y trouvant leur compte, car l'apprenti qui produit et qui est pré-embauché finit par leur coûter moins cher. Je reste hostile à l'idée d'ouvrir l'apprentissage aux moins de 16 ans. Les chefs d'entreprises ne sont pas demandeurs, car les jeunes ne sont pas suffisamment mûrs à cet âge. On gagnerait plutôt à développer le pré-apprentissage en créant par exemple des stages de découverte de l'entreprise au collège, pour donner envie. Il faudrait mettre en place une évaluation sur les compétences des élèves en cinquième et constituer des filières spécialisées en quatrième pour faciliter la transition. L'apprentissage avant 14 ans est de toute façon inadapté à ce que sont les jeunes aujourd'hui et à l'économie moderne : quel métier peut-on exercer à 14 ans, dans le monde actuel ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion