Notre PME est située près de Lens, ville du magnifique deuxième Louvre. En tant que fondateur et dirigeant de cette entreprise de 25 salariés, j'ai souhaité donner leur place aux jeunes et avoir une vision de long terme pour assurer la relève lorsque les plus anciens partent à la retraite. Cela suppose une culture d'entreprise : parler d'alternance revient à parler de formation, de ce que nous transmettons à nos collaborateurs toute l'année, dans toute l'entreprise comme dans son environnement. Je suis intéressée par une approche globale -et non sectorisée ou verticale- qui intègre l'éducation.
Notre entreprise compte 50 % de femmes, contre 8 % en moyenne dans l'industrie. Nous avons tout à gagner de cette complémentarité et de ces échanges. Elles n'occupent pas seulement des postes subalternes : deux tiers des postes de direction sont tenus par des femmes, et j'espère bien que mon successeur sera une femme, pour l'alternance et une autre vision des choses afin de faire grandir l'entreprise.
Nous formons régulièrement des jeunes en alternance, sans pouvoir tous les garder car nous ne sommes qu'une PME. Nous en avons deux en ce moment, qui ne pourront peut-être pas rester, mais nous nous débrouillons toujours pour qu'ils trouvent un travail à l'extérieur. L'éducation -tout court ou nationale- doit changer de manière de fonctionner. On ne peut pas demander aux entreprises de s'adapter à l'Éducation nationale. Vice-président de l'École de chimie de Lille, quand je suis venu à mon premier conseil d'administration, j'ai été stupéfait d'entendre que j'étais le bienvenu pour visiter l'école. J'ai répondu du tac au tac qu'il serait temps qu'ils viennent visiter l'entreprise. Très tôt, dès la formation des enseignants, il faut leur expliquer l'importance du contact rapide et direct avec les entreprises. Or les écoles ne viennent pas nous voir, les élèves se débrouillent tous seuls, et nous avons à remplir leur dossier -c'est insensé ! Il faut redonner aux entreprises la main sur l'apprentissage, parce qu'elles sont légitimes. Je ne vais pas vous apprendre comment vous comporter dans votre maison ! C'est à nous de décider ce dont nous avons besoin et ce que nous souhaitons. Valérie Pécresse m'avait incité à embaucher un doctorant, mais lorsque j'ai interrogé l'université de Lille I, cela est apparu impossible car mon programme de recherche ne correspondait pas au sien... Du coup, nous sous-traitons à des laboratoires extérieurs. C'est en changeant de vision que nous y arriverons.