Intervention de Alain Joyandet

Délégation sénatoriale aux entreprises — Réunion du 1er octobre 2015 : 1ère réunion
Table-ronde n° 2 : témoignages concrets sur le défi d'une relance de l'apprentissage en entreprise

Photo de Alain JoyandetAlain Joyandet :

Chef d'entreprise, je puis témoigner combien, dans l'imprimerie ou l'édition, l'apprentissage est issu d'une longue tradition. En trente ans, nous avons formé beaucoup d'apprentis, mais nous n'en avons presque plus. Nous cherchons tous à relancer l'apprentissage, qui s'essouffle, alors qu'il s'agit d'une voie royale pour faire entrer les jeunes dans l'entreprise. Nous avons besoin de l'ensemble des interlocuteurs. Les esprits ont évolué, y compris au sein de l'Éducation nationale, qui doit se rapprocher du monde de l'entreprise et mettre très tôt les élèves en contact avec lui. Les sénateurs font des stages d'immersion en entreprise : les enseignants devraient faire de même. On n'y arrivera pas en excluant.

Du reste, le plus gros frein à l'apprentissage n'est plus l'Éducation nationale, ni l'état d'esprit dans le pays. Ce qui nous plombe complètement, c'est notre code du travail, qui pèse plus d'un kilogramme ! J'ai étudié les méthodes allemandes pour favoriser l'emploi des jeunes lorsque je préparais le rapport que j'ai rendu à l'ancien Président de la République. Certaines solutions très simples sont connues de tous. Il faut simplement lever les barrières mentales et accepter d'en parler, à gauche comme à droite. Un apprenti coiffeur à Vesoul ne peut plus avoir le même contrat qu'un jeune qui monte des échafaudages à Paris, par exemple. En Allemagne, les négociations se font par branche en fonction des risques et des difficultés de chaque métier. Au Danemark, une grande convention se tient tous les trois ans, au cours de laquelle sont faites les avancées nécessaires.

Oui, nous devons donner à chaque apprenti une culture générale, afin qu'il puisse évoluer dans sa carrière et ne soit pas condamné à demeurer manoeuvre toute sa vie. Ce socle doit être compatible avec la vie de l'entreprise. Surtout, il faut que la législation évolue : comment un apprenti peut-il apprendre son métier dans une entreprise de découpage sans manipuler des objets tranchants ? Le code du travail doit être plus pragmatique.

Après nos travaux, le Sénat devrait porter une belle proposition de loi sur l'apprentissage, ouvrant un nouveau dialogue. Enfin, comment peut-on prétendre encourager l'apprentissage tout en supprimant ou en diminuant les aides aux entreprises qui embauchent des apprentis ?

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