La Chine, elle, atteint son « émergence pacifique ». Aujourd’hui, son poids est tel qu’elle ne peut plus rester, comme elle le souhaiterait souvent, discrète, sur le plan économique tout au moins : quand Shanghai manque d’oxygène, les bourses du monde s’essoufflent – nous l’avons constaté récemment. La « nouvelle » croissance chinoise, réorientée, moins massive, moins quantitative, moins menaçante pour l’environnement, mondialement plus compatible, ouvre des portes pour l’Europe et pour la France, pour peu, là encore, que nous sachions être fidèles à notre tradition d’indépendance.
Engagée sans retour possible dans son match avec l’Amérique, la Chine se refusera à se laisser enfermer dans la « Chinamerica ». Des opportunités émergeront. Dans ce monde interpolaire en création, l’Europe doit assumer son indépendance et ne pas oublier qu’elle est aussi un cap à l’ouest de l’Asie. Ma conviction est que la montée en puissance de la Chine forcera le monde à mieux maîtriser les équilibres.
Sur les quatre dossiers que nous avons approfondis et étudiés cette année, monsieur le ministre, une constance s’affirme : la complexité de notre alliance avec les États-Unis, pour le dire en termes diplomatiques. Le monde, qui connaît l’histoire commune de la France et de l’Amérique, doit aussi pouvoir mesurer l’autonomie de nos politiques.
Monsieur le ministre, je sais que votre ambition est grande pour la France. Ici, chacun connaît et respecte votre engagement. Sur le climat, vous avez jeté votre énergie et votre talent au service d’une cause qui nous concerne tous – je mesure par ailleurs la concurrence ministérielle que vous devez affronter… §La commission œuvre à vos côtés, notamment avec son rapport d’information novateur sur le « dérèglement géopolitique », pour alerter les consciences.
J’espère que le débat de cet après-midi vous aidera, monsieur le ministre, ainsi que nos diplomates – je veux leur dire aujourd’hui, au nom de tous, notre estime et notre reconnaissance –, à porter toujours plus haut la voix de la France.