Certes, le récent attentat meurtrier d’Ankara vient de rendre encore plus complexe une sortie de crise et la Turquie franchit un pas de plus vers la déstabilisation. C’est pourquoi nous devrions fermement dénoncer la politique suicidaire du président turc qui, au lieu de jouer l’apaisement dans son pays, choisit la division et l’extrême violence contre ses concitoyens kurdes, afin de gagner des élections à son seul profit.
Voilà où mène la duplicité du gouvernement turc dans la lutte contre Daech ! Nous ne pouvons rester plus longtemps silencieux face à la situation du peuple kurde dans cette région. Prenons enfin nos responsabilités pour éviter la déstabilisation et la guerre civile en Turquie.
Il en va de même pour nos relations avec l’Arabie saoudite. Compte tenu de son rôle ambigu dans la lutte contre Daech au sein de la coalition menée par les États-Unis et de son mépris à l’égard de certaines valeurs universelles, comme le respect des droits de l’homme, ne serait-il pas nécessaire de changer de ton dans nos relations bilatérales ? N’est-ce pas ce que viennent de faire les Britanniques en renonçant à un appel d’offres saoudien, eux qui sont pourtant, comme nous, un grand fournisseur d’armements du royaume wahhabite, à l’heure où nous venons, nous-mêmes, de signer divers contrats très importants ?
La politique diplomatique d’un grand pays comme le nôtre doit être capable de trouver et d’exprimer le difficile équilibre entre les exigences éthiques de la défense et de la promotion des droits humains et les réalités du commerce international, la défense de notre économie et de nos emplois.
Ne laissons pas la Russie et les États-Unis poursuivre leurs tractations en tête-à-tête. Reprenons des initiatives pour aboutir à une proposition de résolution acceptable pour l’ensemble des membres du Conseil de sécurité. Jouons un rôle de premier plan pour que notre diplomatie soutienne avec force la conférence de paix sous l’égide de l’ONU, telle que l’a présentée son envoyé spécial, M. de Mistura, et contribue activement à en assurer la réussite.
Œuvrez, monsieur le ministre, avec peut-être plus de souplesse que précédemment, à ce que le groupe « P5+1 », fort de sa réussite sur le nucléaire iranien, confortée ces jours-ci par la ratification du Parlement de ce pays, puisse élaborer des solutions propres à réussir la nécessaire transition politique en Syrie.
Enfin, je ne peux conclure sans évoquer brièvement, comme l’ont fait précédemment mes collègues, la dramatique aggravation du conflit entre Israël et les Palestiniens. Là aussi, monsieur le ministre, faites entendre la voix de la France en protestant et en agissant pour stopper cette escalade, résultat d’une stratégie du chaos et du désespoir délibérément mise en œuvre par le Premier ministre israélien. Faites savoir que le droit et les conventions internationales doivent être respectés pour mettre fin à l’occupation des territoires palestiniens.