Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission, mes chers collègues, à la suite de l’intervention de Mme Conway-Mouret, je concentrerai mon propos sur la « nouvelle croissance » chinoise.
Nous le savons tous, la Chine a connu ces trente dernières années une croissance exceptionnelle, qui, selon certains, aurait débuté lors des réformes engagées par M. Deng Xiaoping dès 1978 et dans les années quatre-vingt, réformes qui ont porté des fruits rapides et importants. La Banque mondiale estime même que ce phénomène est unique dans l’histoire de l’humanité, en raison de son ampleur et de sa durée.
Nous devons être également conscients que cette croissance s’est accélérée ces dix dernières années et que, durant cette période – notamment pour des raisons démographiques –, l’effet masse et l’effet volume ont joué à plein. Que l’on en juge : en 2005, le produit intérieur brut de la Chine était égal à celui de la France, autour de 2 200 milliards de dollars ; il dépasse aujourd’hui les 11 000 milliards de dollars, alors que celui de la France atteint difficilement 3 000 milliards de dollars. Le PIB chinois a donc été multiplié par cinq en dix ans, ce qui est considérable !
Pour autant, le modèle chinois de développement n’est pas soutenable à terme, d’un point de vue social, économique ou écologique. Il ne peut continuer à faire totalement reposer la croissance sur l’exportation de produits à faible coût, grâce à une main-d’œuvre nombreuse et peu onéreuse.
Les autorités chinoises sont parfaitement conscientes de ces limites et de la nécessité de réorienter la croissance. Elles ont d’ailleurs pris des décisions en ce sens dès le début des années deux mille dix, à l’occasion du douzième plan quinquennal. Quand la Chine décide quelque chose, la mise en œuvre est rapide et puissante !
Tout le monde le sait, les pouvoirs publics continuent en effet de disposer de moyens d’action importants, y compris sur les plans politique et économique.
N’oublions pas qu’entre 80 millions et 90 millions d’habitants sont membres du parti communiste chinois – c’est l’équivalent de la population française – et qu’ils peuvent ainsi quadriller le pays et l’activité !
Pour autant, si le contrôle politique est bien réel, une véritable opinion publique a émergé, sensible aux questions sociales, notamment aux salaires, à la qualité de la vie et aux conditions de travail. Par ailleurs, les questions environnementales sont – enfin, serais-je tenté de dire – au goût du jour, ainsi que les problèmes de sécurité sanitaire auxquels la population chinoise s’intéresse de plus en plus.
La phase de transition dans laquelle est engagée la Chine présente donc des risques de tensions et d’instabilité. À cet égard, il n’est pas anodin que les nouveaux dirigeants aient lancé simultanément une vaste campagne de lutte contre la corruption.
Au final, que retenons-nous de ce travail sur la Chine ?
D’abord, la baisse de la croissance et sa réorientation n’entament ni l’optimisme ni la confiance des Chinois en leur avenir. Ils sont convaincus de réussir leur adaptation aux temps nouveaux. Cet état d’esprit positif est d’ailleurs partagé par les étrangers qui vivent et travaillent en Chine.
Il nous semble que la France, dans cette transformation, détient des atouts. Des opportunités nouvelles se présentent, notamment dans le secteur des services, de l’agroalimentaire, de la santé, etc. Monsieur le ministre, partagez-vous ce sentiment ? Quelles sont les intentions du Gouvernement à ce sujet ?
La Chine est animée, me semble-t-il, non par une volonté de domination mondiale, mais par une vision multipolaire.
La Chine ne peut plus être considérée exclusivement comme un concurrent. Nous devons la regarder comme un partenaire, avec lequel nous sommes en mesure non seulement d’entretenir des relations, mais probablement d’engager des actions communes.
Dans ce contexte, monsieur le ministre, les discussions avec la Chine pour travailler ensemble dans les pays tiers, particulièrement en Afrique, ont-elles avancé ? Que pouvons-nous en attendre ? Je crois sincèrement que, tout en restant vigilants, nous avons intérêt à travailler avec la Chine sur certains sujets, car toute politique de développement doit préférer la complémentarité à la concurrence.