Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission, mes chers collègues, au nom de la commission des affaires étrangères, j’ai participé cette année au groupe de travail sur l’Iran avec Daniel Reiner, Michelle Demessine et Joël Guerriau. C’est donc cette question que j’évoquerai dans ce débat.
L’accord enfin trouvé à Vienne, le 14 juillet dernier, sur le programme nucléaire iranien a incontestablement changé la donne. Il l’a changée avant tout pour ce pays, qui a déjà commencé à faire son retour dans le concert des nations. Il l’a peut-être changée, aussi, pour le Proche-Orient et le Moyen-Orient. Espérons qu’il s’agira d’une bonne nouvelle dans un environnement si difficile et dangereux. Certes, l’accord de Vienne ne représente encore que la possibilité d’une vraie normalisation de l’Iran sur la scène diplomatique.
D’abord, pour que soient levées les sanctions contre l’Iran, notamment les sanctions européennes et américaines, il faudra attendre le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique programmé pour le mois de décembre prochain, qui devra dire si l’Iran exécute effectivement ses obligations.
Ensuite, il faudra que l’Iran témoigne de sa bonne volonté à travailler, aux côtés des puissances occidentales, en faveur de la résolution des crises qui tourmentent la région. Je pense à la Syrie, au Yémen, mais aussi au Liban, qui seront autant de dossiers tests dans les prochains mois.
En outre, il faudra voir si le résultat des élections législatives prévues en Iran au mois de mars 2016 et si la politique étrangère des États-Unis conduite à partir de 2017 par le nouveau président permettent de réunir les conditions d’une application durable de l’accord.
Réserve faite de ces hypothèques – non négligeables, certes –, il semble tout de même que l’intérêt bien compris de l’Iran aujourd’hui soit d’œuvrer au bénéfice de la stabilité régionale. Tel est évidemment le souhait de la communauté internationale et celui de la France.
Dans ce nouveau contexte, l’intérêt de la France est donc, nous semble-t-il, de restaurer autant que possible avec l’Iran, qui est une puissance régionale incontournable, la densité de nos relations anciennes. Nous avons en effet une longue histoire commune avec ce pays et les Iraniens conservent une bonne image de la France. Faisons fructifier ce capital ! Multiplions les échanges, en multipliant les occasions !
La reprise est déjà lancée dans le domaine économique : nos entreprises, dans l’attente de la levée des sanctions, commencent à retrouver leurs marques en Iran. Il est important qu’elles y travaillent, car la compétition internationale est forte !
La reprise a également été amorcée, clairement, sur le plan politico-diplomatique : les visites et les rencontres bilatérales ont repris au plus haut niveau. On attend ainsi le président Rohani à Paris, le mois prochain.
Tout cela est heureux. Cependant, je souhaite insister sur la nécessité de redonner du souffle à notre coopération culturelle et scientifique avec l’Iran. Cette coopération paraît en effet à présent bien modeste, malgré son réel potentiel. Or il s’agit, là aussi, d’un puissant vecteur d’influence de notre pays dans la région, à condition, bien sûr, de s’en donner les moyens.
À cet égard, la « feuille de route » franco-iranienne à laquelle devrait donner lieu la visite en France du président iranien pourrait être opportunément nourrie. Nous avançons à cet effet, monsieur le ministre, quelques demandes concrètes.
D’un côté, essayons d’obtenir le soutien de l’Iran au développement de nos établissements culturels à Téhéran. Le Centre de langue française ne sera peut-être pas tout de suite autorisé à devenir Institut français ; du moins peut-il accroître son activité, car la demande locale, francophile, est bien présente ! Il faudra que le budget suive... La facilitation des missions de chercheurs français en Iran et la relance de nos traditionnelles fouilles archéologiques dynamiseraient l’Institut français de recherche en Iran.
Qu’il me soit permis d’appeler également votre attention sur la nécessité de revitaliser la recherche en France concernant l’Iran, qui est une tradition chez nous. Notre pays a connu de grands iranologues et il faut permettre de nouveau aux spécialistes de disposer à Paris d’éléments de recherche dans ce domaine.
Parallèlement, engageons-nous à augmenter le nombre d’étudiants iraniens accueillis chaque année en France : 1 800, ce n’est pas assez !