Monsieur le président, mes chers collègues, j’ai également participé au groupe de travail dédié à l’Iran et je consacrerai donc, moi aussi, mon intervention à ce pays.
Monsieur le ministre, l’accord de Vienne conclu le 14 juillet dernier a mis fin à douze années d’une crise suscitée par le programme nucléaire iranien. Il faut en féliciter notre diplomatie, et vous féliciter vous-même, d’avoir maintenu, au cours des négociations, une ligne de fermeté clairement fondée sur le souci de la non-prolifération du nucléaire au Proche-Orient et au Moyen-Orient.
C’est là le premier résultat essentiel de cet accord, qui a d’ores et déjà permis à la communauté internationale, en particulier à la France, de renouer un dialogue plus normal avec l’Iran. Espérons que le dossier nucléaire est bel et bien derrière nous et que nous pourrons à nouveau tisser avec l’Iran des liens qui – il faut le dire – ont été, au cours des dernières années, très sensiblement affaiblis.
La restauration est en cours. Deux semaines après la conclusion de cet accord, monsieur le ministre, vous avez été reçu à Téhéran, et bien reçu. §Nous-mêmes y avions été bien accueillis au mois de juin dernier. La visite du président Hassan Rohani, annoncée pour le mois prochain, est de bon augure.
Nous avions placé notre mission dans la perspective de cet accord. Nous avons travaillé au cours de l’hiver et du printemps 2015. Au cours de nos rencontres, nous n’avons pas eu le sentiment que les Iraniens tenaient particulièrement rigueur à la France de sa position, au contraire.
Aussi, nous nous félicitons que puisse être renouée une relation franco-iranienne dense, et ce d’abord sur le plan politique.
Il s’agit de mieux défendre nos positions au Proche-Orient et au Moyen-Orient en jouant la carte de l’Iran, puissance régionale incontournable – tel était d’ailleurs l’intitulé de notre groupe de travail –, et en ayant pour but de lutter ensemble, autant que possible, contre le terrorisme et en faveur du règlement des crises.
La qualité actuelle de la coopération politique et militaire entre, d’une part, la France et, de l’autre, l’Égypte, l’Arabie saoudite et les monarchies du Golfe, constitue évidemment un point très positif. Mais nous avons également tout intérêt à entretenir de bonnes relations avec le monde chiite. C’est à nos yeux une évidence.
Bien sûr, nous restons dans l’expectative quant aux véritables intentions iraniennes. L’Iran va-t-il faire usage de sa capacité d’influence, au bénéfice du règlement des crises où il se trouve notablement impliqué, à commencer par la guerre en Syrie ? Travaillera-t-il dans le sens de la stabilité régionale, comme il le prétend, comme on nous l’a dit et répété tout au long de nos rencontres ? On songe, naturellement, aux cas du Liban et du Yémen.
On peut à tout le moins estimer que, pour conserver la place qu’il vient à peine de retrouver sur la scène diplomatique, l’Iran a intérêt à coopérer de manière constructive avec les puissances occidentales.
À ce titre, peut-être la France a-t-elle un rôle à jouer pour favoriser les conditions de cette coopération ?
Monsieur le ministre, cette fameuse feuille de route franco-iranienne qui est en cours de préparation comportera-t-elle bien un volet politique allant dans ce sens ? Et, le cas échéant, quelles ambitions traduira-t-elle ?
Bien sûr, l’enjeu de la relation franco-iranienne est également économique. Avec ses 80 millions d’habitants et ses ressources en hydrocarbures, l’Iran est un enjeu de développement international et un puissant vecteur d’investissement, notamment pour nos propres entreprises. Ces dernières peuvent utiliser l’atout que représente, pour leur réimplantation dans le pays, la bonne image dont y jouit aujourd’hui le nôtre. Elles s’y emploient déjà, et nous le savons.
Néanmoins, il faut rester prudent : les sanctions contre l’Iran, notamment les sanctions américaines, ne sont pas encore totalement levées.