Intervention de Laurent Fabius

Réunion du 15 octobre 2015 à 15h00
Débat sur le thème « la politique étrangère de la france : quelle autonomie pour quelle ambition ? »

Laurent Fabius :

Qu’il s’agisse de la notion d’indépendance, de l’Iran, de la Russie, du climat, de la Chine – un pays qu’il connaît extrêmement bien – ou de la position américaine – sur laquelle il a tenu des propos d’une grande diplomatie, mais dont on a bien compris le sens –, ses analyses, qui sont d’ailleurs largement partagées dans cet hémicycle, m’ont paru frappées au coin de l’observation des faits et du bon sens.

On me demande parfois quels principes orientent notre action extérieure depuis 2012. Si je devais n’en retenir qu’un, je dirais : l’indépendance.

En quoi consiste l’indépendance de la France ? C’est notre capacité à définir librement ce que nous considérons comme juste, et à agir en conséquence.

Cette indépendance – et cela a été très bien dit par les différents orateurs – fait partie de notre histoire et de la vision que nous avons de notre rôle dans les relations internationales. Elle contribue à la crédibilité de notre diplomatie. Elle est une clé de notre influence.

Certes, et heureusement, nous avons des partenaires, des amis, des alliés, et nous tenons à la solidité de ces liens. Mais le monde sait et voit – parfois mieux que certains dans notre pays – que, face aux grandes questions internationales, nous nous déterminons en fonction de notre propre jugement, non sous la pression d’un quelconque protecteur.

En d’autres termes, personne, ni les États-Unis, ni la Russie, ni la Chine, ni les pays du Golfe, ni l’Allemagne, avec lesquels nous avons des relations souvent excellentes, ne nous dicte nos choix : seuls nous guident l’intérêt de la France et des Français et notre vision du monde.

J’aurai là une appréciation légèrement différente de celle de M. Billout – c’est mon appartenance successive au Conseil d’État puis au ministère des affaires étrangères, ainsi que ma fréquentation du Sénat, qui me pousse à utiliser ce genre de litote – lorsque, dans un langage modéré, je le reconnais, il parle du « manque d’ambition de la France », des « initiatives insuffisantes en Syrie », de « propositions peu claires ».

Même si M. Hue n’a pas versé dans le même discours, à certains moments, je ne savais pas si sa critique s’adressait au pouvoir précédent ou à l’actuel !

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