Or il est, en effet, le principal responsable du chaos !
D’autres le tiennent pour un « moindre mal » par rapport à Daech. Cela peut faire l’objet d’une discussion, mais nous considérons que s’allier avec Assad constituerait, au-delà même de la faute morale, une impasse politique. On voit mal, en effet, comment on pourrait aller vers une Syrie vraiment unie sans le départ de M. Bachar al-Assad et comment on pourrait lutter efficacement contre Daech et les terroristes sans forces syriennes unifiées comprenant les militaires ?
Depuis 2012, nous plaidons et nous agissons pour une transition. Nous en connaissons les paramètres : c’est le communiqué de Genève de 2012. Nous en connaissons également les acteurs. Ma communication ou votre information sont sans doute insuffisantes sur ce point, mais nous en discutons avec les États-Unis, bien qu’ils donnent parfois l’impression de s’intéresser davantage à la zone Pacifique qu’au Proche et au Moyen-Orient ou à l’Europe. Nous en discutons avec les Européens, les Arabes, les Turcs, les Russes, les Iraniens. Nous sommes prêts à l’action avec tous, mais aux conditions que je viens d’évoquer, parce qu’elles seules, notamment la transition de sortie, garantiront l’efficacité.
Je suis heureux que ce débat m’ait permis de préciser la position de la France à cet égard.
Nous savons tous qu’en Syrie comme en Irak, au Mali comme en Lybie, la paix n’est pas le pacifisme, et que l’action militaire, aussi importante soit-elle, doit être accompagnée d’avancées politiques.
En Irak, nous soutenons la démarche de réconciliation menée par le Premier ministre al-Abadi, car nous considérons que seul un régime dit « inclusif » et des forces irakiennes unies pourront lutter efficacement contre Daech.
Au Mali, après notre intervention militaire de 2013, notre diplomatie s’est mobilisée pour permettre l’accord de paix et de réconciliation signé en juin dernier. Nous sommes engagés aujourd’hui pour en faciliter la mise en œuvre.
En Lybie, j’estime, avec le recul, qu’une certaine erreur a été commise en 2011 en considérant qu’après l’action militaire le suivi ne nous concernait pas ; peut-être n’était-ce pas vraiment l’idée au départ, mais c’est ce qui s’est produit dans les faits. Dès 2012, nous avons soutenu les efforts diplomatiques du représentant de l’ONU, M. Bernardino León, pour la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Ainsi, qu’il s’agisse de la Syrie, de l’Irak, du Mali ou de la Lybie, la leçon est finalement la même : face au terrorisme, dès lors que l’on veut rétablir la paix et la sécurité, il n’y a pas de solution militaire efficace s’il n’y a pas d’évolution politique. C’est en ce sens que nous nous attachons à agir.
Nous agissons également en puissance de paix face à l’imbroglio israélo-palestinien, ainsi que plusieurs d’entre vous l’ont relevé. La recrudescence des violences en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza nous préoccupe très gravement. Depuis des mois, je mets en garde contre les risques d’embrasement, mais la France a été un peu seule… Là, nous y sommes ! Il y a donc urgence à relancer un processus politique crédible, qui permette d’avancer vers une paix juste et durable.
La France, trop seule parfois, je le disais à l’instant, est à l’initiative. Dans le débat politique national, j’entends certains prétendre que nous ne nous mobiliserions pas assez sur ce sujet. Mais nos partenaires étrangers ont plutôt tendance à soutenir la thèse inverse… En tout cas, nous appelons la communauté internationale à ne pas laisser la solution des deux États se déliter. Nous alertons même sur le risque, qui paraît lointain, mais qui ne l’est peut-être pas, que Daech puisse à un moment donné accaparer la cause palestinienne, avec des conséquences en chaîne qui seraient dramatiques.