Monsieur le Président, je vous remercie de venir aujourd'hui devant notre commission des affaires économiques, dont les compétences sont très larges puisqu'elles vont « du sillon au satellite », a-t-on l'habitude de dire, et qui accorde donc une grande importance au secteur spatial, du fait notamment de la place qu'y occupent la France et l'Europe. Nous connaissons les retombées sur nos territoires de notre présence dans ce secteur.
Votre société est le leader mondial du transport spatial commercial, avec une part de marché de plus de 50 % depuis plus de vingt ans. Je rappelle à nos collègues que vous êtes chargés d'exploiter les lanceurs développés par l'Agence spatiale européenne (ESA), Ariane, Soyouz et Vega, ce que vous faites sur le site de Kourou, en Guyane, en partenariat avec le Centre national d'études spatial (CNES).
Cette année 2015 a été faste pour vous : avec 12 lancements attendus, vous devriez battre votre propre record, qui ne datait que de 2014 ! La prise de commande de OneWeb, représentant 29 lancements à venir, est à mentionner tout particulièrement. Et avec un carnet de commandes de plus de 70 satellites à lancer, vous avez du travail jusqu'en 2018 ! Quel industriel ne rêverait pas d'avoir de telles commandes et une visibilité sur une durée aussi longue !
La fiabilité et la régularité de vos lancements sont votre « marque de fabrique » face à la concurrence : 68 lancements réussis de suite pour la seule Ariane 5 ! Sur le long terme, la création de votre société a permis à l'Europe spatiale de développer son outil industriel, et surtout d'affirmer son indépendance vis-à-vis des États-Unis.
L'espace est un secteur qui, en quelques années, a opéré une véritable révolution. Du côté des applications d'abord, avec par exemple des projets de constellation en orbite basse portés par les géants américains de l'Internet, pour « connecter » le monde entier par satellite. D'ailleurs, lors du dernier salon du Bourget, nous avons pu constater l'importance de ce nouveau marché pour les satellites. Je pense que la technologie spatiale pourrait nous aider à implanter le haut débit sur l'ensemble de nos territoires, lorsque la fibre ne peut être installée.
La révolution du secteur s'est faite également du côté des lanceurs, avec la montée en puissance très rapide d'acteurs venus d'autres horizons ; je pense bien entendu à la concurrence très agressive que représente désormais l'américain SpaceX, qui n'existait pas il y a une douzaine d'années. Nous serions ainsi intéressés de connaître votre point de vue, Monsieur le Président, sur ce point.
Aujourd'hui, la filière des lanceurs est en passe d'être refondée, et vous serez au coeur de ce processus, comme vous allez nous l'expliquer. Il faudra d'abord diversifier les activités, et peut-être rééquilibrer le carnet de commandes au profit des petits satellites. Quelle sera l'évolution du marché dans les années qui viennent ? Plus largement, une recomposition de l'industrie spatiale est attendue, afin de contrer les offensives américaines ; nous vous entendrons sans doute sur ce point.
Enfin, nous aborderons bien sûr l'avenir, avec le projet Ariane 6, dont le premier lancement est attendu pour 2020. Suite à la décision politique prise à Luxembourg en fin d'année dernière, l'accord de développement a été signé en août dernier, pour 3 milliards d'euros.
Monsieur le Président, au nom de mes collègues qui sont venus nombreux pour vous écouter, je vous cède à présent la parole.