Il existe deux types de veille au sein du SGDSN : une veille quotidienne à partir du bureau de veille et d'alerte qui fonctionne 24 heures sur 24 et relaie les cellules de crise des divers ministères tout en captant des informations de toute nature. Cette veille permet de tenir informées les plus hautes autorités de l'Etat ainsi que divers réseaux. Ce bureau est en cours de professionnalisation avec une diminution du nombre de réservistes au profit des analystes. Un audit a été demandé au nouveau responsable du bureau, ancien agent de la DGSE.
Par ailleurs, la veille stratégique est une fonction assurée au sein de l'Etat par plusieurs acteurs : le ministère des affaires étrangères, la direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) au sein du ministère de la défense ainsi que le SGDSN qui traite en particulier les questions de prolifération, notamment la prolifération NRBC. J'ai entrepris la mise en place d'une prospective de plus long terme dans des secteurs spécifiques, de manière à alimenter notamment les exposés des motifs des lois de programmation et les travaux de renouvellement du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationales. Le SGDSN s'appuie par ailleurs sur une dizaine de groupes de renseignement qui coordonnent, dans le suivi des crises, les travaux des services spécialisés de renseignement (DGSE), direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), direction du renseignement militaire (DRM, DPSD).
En ce qui concerne la menace NRBC, nous sommes vigilants mais notre coopération avec les autres pays européens est insuffisamment structurée, notamment du fait de différences d'organisation : ainsi la protection civile se situe au niveau des Länder en Allemagne. Par ailleurs, nous suivons de très près l'évolution des moyens de prévention ainsi que des stocks de produits utilisés dans la lutte contre les risques NRBC. Ces stocks, que les ministères doivent constituer, se périment assez rapidement. Il est donc très positif que la représentation nationale soit attentive, en cette période de contrainte budgétaire, à ce que les crédits prévus pour constituer ces stocks soient effectivement engagés.
Un drone peut être abattu avec un bon fusil ! Toutefois, nous avons constaté que les conséquences d'une telle destruction pouvaient être dommageables, notamment parce qu'il est difficile de distinguer entre les engins malveillants et ceux qui, par leur légèreté et leur incapacité à emporter des charges, sont inoffensifs. Afin de mieux sérier la menace, nous développons les moyens de connexion qui permettent de détecter à plusieurs centaines de mètres les engins comportant des puces ou des transpondeurs. En dehors de la projection de matières sur le drone ou de l'utilisation de canons à vent pour le dérouter, le brouillage fonctionne bien mais ne peut être mis en oeuvre en zone urbaine sans nuire aux télécommunications. Le brouillage est d'un usage plus aisé en pleine campagne, à distance des hôpitaux et des héliports. Par ailleurs, nous sommes très préoccupés par les drones programmés qui, précisément, n'ont pas besoin de guidage électromagnétique.
Tous les moyens de renseignement sont mis en oeuvre contre le terrorisme sur le territoire national : la DGSI, la DPSD, les services territoriaux de la gendarmerie et de la police sont mobilisés. Ce travail est coordonné avec celui des services dont la mission s'exerce à l'extérieur du territoire national, comme la DGSE. Des équipes communes DGSE-DGSI travaillent sur les filières djihadistes.
Le renforcement de notre coopération avec les autres pays européens en matière de cyberdéfense constitue un de nos axes stratégiques. Nous rencontrons pratiquement chaque mois des responsables allemands et anglais pour évoquer la menace terroriste et en particulier cyberterroriste.