En France, en matière de cyber, nous avons séparé l'attaque de la défense, celle-ci étant assumée par l'ANSSI, contrairement à nos alliés américains et britanniques qui ont regroupé les deux fonctions au sein de leurs services de renseignement. Pour autant, nous n'avons pas de difficultés à coopérer avec ces alliés ; ainsi les Britanniques nous ont souvent avertis qu'un groupe était sur le point de lancer une cyberattaque.
Dans le cadre des négociations sur la directive européenne pour la sécurité des réseaux, nous oeuvrons pour que les autres pays européens aient l'obligation de se doter d'une structure homologue de l'ANSSI, dans l'optique de constituer un réseau d'agences. Nous incitons ainsi les pays qui ont actuellement une faiblesse dans ce domaine à développer cette capacité et nous faisons du « capacity building », c'est-à-dire l'aide au développement. Il est en effet dans notre intérêt que ces maillons faibles de la cybersécurité améliorent leur protection : leur vulnérabilité est aussi la nôtre, les attaquants entrant souvent dans les réseaux par les pays les moins protégés. Enfin, le développement d'une capacité autonome européenne dans le domaine du numérique figure parmi les cinq axes de la stratégie nationale de sécurité publique. Ceci va au-delà de la cybersécurité ; il s'agit d'identifier les technologies-clefs qu'il est nécessaire de maîtriser en Europe afin de pas être dépendants des Etats-Unis ou de la Chine.