Par sa présence, entre deux vols vers le continent africain ou vers d’autres pays européens, il marque l’intérêt qu’il porte à l’engagement de notre Haute Assemblée. Il participait d’ailleurs à la première réunion à l’origine de cette idée de résolution, lors de laquelle plusieurs d’entre nous, de toutes sensibilités politiques, étaient présents. Aujourd’hui, il confirme qu’il est vraiment à nos côtés, ce qui est très important.
Je reviens à mon propos après cette brève parenthèse. Pour la fondation, l’accès à l’énergie est un droit fondamental. La conférence de Paris sur le climat sera donc l’occasion de porter, de défendre et d’obtenir un accord historique pour l’Afrique et, plus largement, pour tous les pays pauvres ayant des besoins similaires. Cette démarche est donc susceptible de « faire des petits », si j’ose dire.
Au-delà de cet enjeu climatique, l’électrification du continent africain répond également, à terme, à un enjeu migratoire.
À première vue distincts, les enjeux climatiques et migratoires convergent, puisque les principaux émetteurs de C02, à savoir les Européens, les Américains, les Japonais, d’autres pays asiatiques et la péninsule arabique sont conscients de la vaste immigration africaine que susciterait l’explosion démographique dans les années à venir.
Or, pour soutenir une telle évolution, le rythme de croissance économique actuel du continent ne suffit pas. Il est donc nécessaire de trouver de nouveaux leviers de croissance pour assurer à la jeunesse africaine un avenir en Afrique. Il convient d’ajouter qu’il y a souvent un corollaire entre le développement et la régulation des naissances, gage d’une évolution démographique plus équilibrée. Tout se tient !
Ne pas agir conduirait nécessairement à des conséquences très dommageables à moyen terme non seulement en Afrique, mais aussi en Europe, tant les destinées de nos deux continents sont liées.
Parmi les leviers de croissance possibles, l’énergie occupe une place centrale. Un effort accru d’électrification permettrait en effet de porter la croissance, actuellement de l’ordre de 5 % ou 6 %, selon les pays et les années, à 15 % dans les années à venir, tout en assurant à l’Europe, grâce à ce partenariat, un regain de croissance de 2 % à 3 %.
Nous avons donc, d’un côté, la perspective d’une migration non régulée, non organisée, à l’image de ce que nous pouvons constater actuellement, et, de l’autre, un espoir de développement, qui permettrait enfin aux Africains, notamment les jeunes, d’être davantage maîtres de leur destin.
Le projet de la fondation représente donc une occasion de développement économique et social entre l’Europe et l’Afrique sans précédent. Certes, nous avons le sentiment d’une présence française en recul, mais nous avons avec l’Afrique une histoire partagée, qui nous offre la possibilité de développer nos échanges avec ce continent. Soutenir l’Afrique face à ces grands enjeux, c’est parier sur le formidable moteur de croissance que pourrait être, pour nous aussi, le continent africain.
J’en suis convaincu, l’Afrique est notre avenir et nos destins sont indissociablement liés. Mes chers collègues, je vous avais déjà fait part de cette conviction en 2013, à l’occasion d’un rapport d’information rédigé au nom de la commission des affaires étrangères, avec notre collègue M. Jeanny Lorgeoux, ici présent. Chaque jour, l’actualité nous rappelle combien tout ce qui se passe en Afrique nous concerne.
Enfin, j’estime que la France a une responsabilité particulière envers les peuples de ce continent, du fait de la relation historique, géographique, culturelle et politique particulière qu’elle entretient avec un certain nombre d’États et de peuples africains.
Madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, il est temps d’agir ! Le Sénat joue un rôle particulier dans nos institutions et dans la réflexion prospective. Un vote positif aujourd’hui marquerait le premier pas vers une nouvelle approche du Parlement français, pour tisser de nouveaux rapports entre la France et l’Afrique.
Adopter cette résolution, c’est concrétiser l’engagement du Sénat à promouvoir l’action de la fondation de Jean-Louis Borloo « Énergies pour l’Afrique ». Climat, développement et migration sont intrinsèquement liés. S’engager aux côtés de la fondation, c’est aussi adhérer à un plan global.
C’est pourquoi, vous l’aurez compris, mes chers collègues, cette proposition de résolution défend un intérêt mutuel. Comme l’affirme si bien le texte de la résolution, « l’avenir de la France et de l’ensemble de l’Europe se joue autant au sud qu’au nord de la mer Méditerranée ».