Intervention de Jean-Claude Lenoir

Réunion du 22 octobre 2015 à 14h30
Soutien au plan d'électrification du continent africain — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Jean-Claude LenoirJean-Claude Lenoir :

Conscients de provoquer une augmentation importante des émissions de CO2 et de gaz à effet de serre, du fait des techniques agraires, des modes de brûlage très répandus et de la déforestation qui s’ensuit, ces pays nous demandent de les aider à surmonter ces difficultés. En effet, comment assureraient-ils leur développement s’ils n’utilisent pas, d’une façon parfois « primaire » – passez-moi l’expression – les ressources qu’ils ont sous la main ?

Aujourd'hui, nous sommes devant un vrai projet structuré. Élaboré par notre ami Jean-Louis Borloo, il vise à doter l’Afrique des moyens de produire assez d’énergie pour assurer une desserte en électricité de 80 % de la population du continent d’ici à 2025.

Ces propositions très ambitieuses ont connu des précédents sur d’autres continents. Pour m’être beaucoup intéressé au Brésil voilà quelques années, je me souviens que le président Lula avait lui-même engagé un vaste programme intitulé L’Électricité pour tous. Le défi que nous proposons de relever, c’est apporter d’ici à 2025, soit dans un délai relativement bref, l’électricité au continent africain.

J’insiste sur un point. On parle toujours des retombées économiques, qui sont évidentes. Le développement, même artisanal, mais aussi la sécurité résidentielle, passe par la lumière, par l’électricité. S’il est un domaine où l’électricité apporte un plus considérable, c’est celui de l’éducation, évoquée rapidement par Jean-Marie Bockel. Aujourd'hui, l’éducation et même la formation passent par le recours à des techniques qui utilisent l’électricité. Ce constat est d’une rare banalité, mais, dans un continent plutôt déshérité, il faut le rappeler avec beaucoup de force.

Madame la secrétaire d'État, j’ai été récemment interpellé par une personne qui présidait une ONG. Elle venait d’Haïti, un pays dont la population est issue du continent africain. Or elle nous a demandé de cesser de soutenir la formation des jeunes Haïtiens en envoyant des cahiers et des crayons, car ce dont ils ont besoin, ce sont des tablettes !

Cette interpellation pourrait être reprise par des responsables africains, qui seraient eux aussi en droit de demander que les habitants de leurs pays profitent de techniques performantes ! Certains considèrent même que ce qu’on appelle « l’arriération », c'est-à-dire le fait d’être plutôt en retrait par rapport au développement qu’ont connu un certain nombre de pays, comporte un avantage, celui de pouvoir accélérer les étapes du développement en recourant à des techniques qui sont entre nos mains depuis seulement une dizaine d’années, voire quelques années.

Cette question doit être étudiée avec beaucoup d’attention si l’on veut – c’est le second point que je voulais développer – contenir les migrations venant d’Afrique vers l’Europe. Il faut que les Africains disposent des outils pour se développer, afin de retenir leurs jeunes en leur donnant les postes de travail et les activités dont ils ont besoin. De ce point de vue, la proposition de résolution recueille mon assentiment.

Elle est fortement structurée et a reçu de nombreux soutiens. Le chef de l’État s’est engagé. Trente-cinq chefs d’États africains en ont fait de même. Enfin, l’ONU s’intéresse de près à ce programme, il faut tout de même le rappeler, puisque son directeur général pour le développement industriel, M. Kandeh Yumkella, qui vient de la Sierra Leone, est le conseiller de Jean-Louis Borloo pour la mise en place de ce vaste dispositif.

Tout cela nécessite des financements. Une fondation se prête-t-elle à la réalisation de tels projets ? Je dirai que le débat est ouvert, mais que l’important est de donner des moyens à l’Afrique, pour que les équipements dont ce continent a besoin puissent être financièrement soutenables.

Or le simple projet d’y installer des centrales se heurte à des difficultés, ne serait-ce que parce que les réseaux ne peuvent pas se développer. Il faut donc recourir à des sources renouvelables issues du soleil ou du vent et permettant surtout une consommation sur site des productions, pour favoriser le développement des territoires directement concernés.

L’orateur qui m’a précédé à la tribune rappelait cette phrase de Vladimir Ilitch Oulianov, beaucoup plus connu sous le nom de Lénine, selon lequel « le communisme, c’est les soviets, plus l’électricité. » Je pense que l’Afrique, aujourd'hui, c’est l’électrification, plus la solidarité ! C’est vers ce mouvement que nous nous dirigeons.

J’interviens ici à titre personnel. Je pense qu’un certain nombre de mes collègues du groupe Les Républicains sont plus réservés sur les outils actuellement mis à disposition. Toutefois, ceux qui s’abstiendraient le feraient dans un esprit tout à fait positif, afin de saluer la lucidité de notre ancien collègue Jean-Louis Borloo, le courage dont il fait preuve et l’énergie qu’il développe pour soutenir un continent sur lequel nous avons tant d’intérêts historiques et culturels.

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