Tout le monde sait que je ne suis pas un « cire-pompes », mais je tiens à saluer Jean-Louis Borloo, dont j’ignorais qu’il serait présent dans nos tribunes, tant cette initiative est marquée de son empreinte. J’ai été impressionné par la force de son propos lorsqu’il est venu, ici, au Sénat, nous convaincre de soutenir son projet.
Rappelons tout d’abord quelques chiffres.
L’Afrique compte aujourd’hui un milliard d’êtres humains, 50 % d’entre eux étant âgés de moins de 25 ans. C’est donc une population très jeune, qui dépassera vraisemblablement le nombre de 2 milliards à l’horizon 2050. Or 2050, c’est demain ! Aujourd’hui, près de 600 millions d’Africains, soit 70 % de la population, n’ont pas accès à l’électricité. L’équation est simple : pas d’électricité, pas de développement.
Jean-Louis Borloo affirme, chiffres et études à l’appui, que, en dix ans, quelque 80 % du continent africain pourraient être électrifiés. Techniquement, c’est possible, et ce n’est plus qu’une question de financement. Je veux le croire ! Le coût du plan Électricité-Objectif 2025 est estimé à environ 200 milliards d'euros. Selon lui, le budget européen peut trouver les moyens d’apporter une contribution forte, à savoir mobiliser 5 milliards d'euros par an, et ce pendant dix ans, ces financements publics européens étant abondés par d’autres moyens, notamment par des investissements privés.
À la clef, un véritable développement pour l’Afrique sera possible, avec une croissance moyenne passant de 5 % à 12 %, voire à 15 % par an. J’insiste sur le fait que l’on reste bien dans le cadre d’un développement modéré, non d’une surcroissance sur le modèle occidental, qui a trouvé ses limites et qui les a même dépassées.
Cette croissance africaine – ô combien salutaire pour la population – entraînera de plus entre 1, 5 % et 2 % de croissance supplémentaire en Europe. Pour être salutaire pour nous, cette croissance doit être tournée vers la transition et source de véritables emplois.
Si nous ne nous bougeons pas, pouvons-nous imaginer, à nos portes, la population de tout un continent, une population jeune, qui n’a pas accès au développement minimum pour une vie décente, qui n’a pas de quoi se nourrir ? Peut-elle rester tranquille à attendre des jours meilleurs, alors que, par les médias, elle voit s’étaler toutes les richesses d’une population occidentale qui, de surcroît, porte une responsabilité énorme dans les désordres planétaires de toute nature, en particulier les désordres climatiques dont elle est la première victime ?
Restons lucides : dans cette hypothèse, les vagues de migrations seraient impossibles à arrêter. Tant pis pour ceux que ce discours dérange !