Intervention de Fabienne Keller

Réunion du 22 octobre 2015 à 14h30
Soutien au plan d'électrification du continent africain — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Fabienne KellerFabienne Keller :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, nous sommes rassemblés aujourd'hui pour examiner une proposition de résolution visant à soutenir un plan d’électrification du continent africain. Je salue le travail de Jean-Marie Bockel, qui a préparé ce texte, ainsi que l’action de Jean-Louis Borloo, dont la fondation porte ce projet.

Nombre d’entre vous l’ont rappelé en s’appuyant sur des données chiffrées et des éléments factuels, le développement du continent africain au cours des prochaines décennies constitue un incroyable défi.

Les enjeux sont multiples et majeurs : la croissance démographique et le doublement de la population d’ici à 2050, bien sûr, la déstructuration territoriale, du fait d’une urbanisation désordonnée et anarchique, l’appauvrissement des populations sur de larges territoires africains, ou plus exactement l’abaissement du revenu national brut par habitant. En effet, même si le revenu national brut du pays augmente, la richesse individuelle baisse compte tenu de la croissance de la population.

Enfin, il faut rappeler que de très nombreux pays africains sont concernés par la double peine du changement climatique. C’est là un sujet d’actualité. Alors que ces pays ne sont pas à l’origine des émissions de gaz à effet de serre, ils en subissent les conséquences : relèvement du niveau des eaux, salinisation des terres, désertification et accès à l’eau difficile.

Mes chers collègues, permettez-moi de prendre un peu de recul et de m’éloigner un instant de la proposition de résolution pour évoquer le contexte politique général.

L’aide publique au développement française diminue une année de plus, comme nous le verrons lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2016. Après quatre années de baisse, elle se situe à 0, 36 % du revenu national brut, soit la moitié de l’objectif de 0, 7 %, qui est d'ailleurs atteint par nos amis britanniques, par exemple.

Qu’en est-il de l’aide au développement pour les pays les moins avancés ? Yvon Collin et moi avons eu l’occasion de la mesurer : quelque 10 % seulement de l’aide publique au développement française sont destinés aux pays les moins avancés.

Dans les prochaines semaines, l’enjeu mondial sera la COP 21, dont nous connaissons désormais le point dur, au-delà des engagements généreux ; c’est le bouclage financier, notamment celui du Fonds vert pour le climat, lequel est justement ciblé vers les pays du Sud, notamment les pays africains.

Plusieurs d’entre vous ont évoqué les conséquences de cet état de fait : aux réfugiés économiques s’ajoutent désormais des réfugiés que l’on pourrait qualifier de « démographiques », ainsi que des réfugiés climatiques.

Tel est, très brièvement évoqué, le contexte politique à la fois national et européen, à quelques semaines de la COP 21.

La question des réseaux – réseaux de transport, réseaux éducatifs, réseaux de santé – est tout à fait stratégique pour l’Afrique. À cet égard, le réseau électrique que Jean-Louis Borloo propose de mettre en place est essentiel, car, comme il se situe en amont de tous les autres, il permettra de développer l’activité économique, de faciliter la vie quotidienne et donc de relever les défis en matière d’hygiène et de santé, de mettre en œuvre des réseaux de transport et, ainsi, de mieux organiser les villes, dont la déstructuration est un grave problème.

La qualité première du projet de Jean-Louis Borloo est de nous proposer d’agir. C’est bien de proclamer sa générosité, mais c’est encore mieux d’accepter de se frotter à une réalité difficile, de mettre en œuvre un projet concret, de se donner des moyens et de se fixer un objectif réaliste et proche, en l’occurrence 2025, quand d’autres envisagent 2050, ce qui est bien loin. Le projet que Jean-Marie Bockel nous propose de soutenir mérite tout notre soutien et tout notre respect, car il aura des effets extrêmement bénéfiques.

Des esprits chagrins diront que le rôle du Sénat n’est pas de soutenir une telle fondation. Tout au contraire, comme Chantal Jouanno tout à l’heure, j’affirme qu’il est de notre devoir de tracer des perspectives et de soutenir des actions opérationnelles.

À titre plus personnel, j’indique que j’ai vu Jean-Louis Borloo s’attaquer à des problèmes que l’on pensait insurmontables dans les quartiers difficiles de France. Je pense qu’il saura s’attaquer avec la même énergie à la pauvreté et à la fragilité du continent africain, mais aussi à son incroyable déstructuration, grâce à ce projet opérationnel.

Telles sont les raisons pour lesquelles, mes chers collègues, je vous propose de soutenir cette proposition de résolution.

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