Intervention de Catherine Lemorton

Commission mixte paritaire — Réunion du 27 octobre 2015 à 9h30
Commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif à la santé

Catherine Lemorton, députée, présidente :

Merci Monsieur le Président. Je souhaiterais revenir un instant sur l'amendement concernant les boissons alcoolisées. Les lois relatives à la santé sont toujours le rendez-vous des corporatismes et donnent lieu à des pressions venues de toutes parts- Mme Roselyne Bachelot l'a vécu, Mme Marisol Touraine l'a vécu à son tour, et nous l'avons nous-même subi.

Mais écoutons les réseaux de lutte contre les addictions et les personnes qui prennent en charge les addictions dans notre pays, qui sont très opposées à cet amendement. L'alcool n'est-il pas une drogue déstructurante ? Toute ouverture, si minime soit-elle, sur les symboles de l'alcool, revient à déconstruire un travail de long terme.

Ne pensez pas que l'addiction à l'alcool n'advient qu'avec les alcools forts chez nos jeunes ; la consommation de vin quotidienne, banalisée, contribue aussi à cette addiction. Je ne prétends pas qu'il ne faut plus boire de vin, mais prenons garde : le travail de lutte contre cette addiction prend des années.

Banaliser le vin, c'est banaliser la consommation d'alcool. Dans le débat que nous aurons dans l'hémicycle, j'aimerais que l'on évite d'entendre, comme cela a été dit, que le vin n'est pas de l'alcool, que la bière n'est pas de l'alcool, que la bière est un « don de Dieu »... Stop. Nous avons même entendu à propos des tests d'alcoolémie sur la route que l'on dose de l'éthanol et non de l'alcool. Or, éthanol et alcool, c'est la même chose.

Des groupes de collégiens et de lycéens visitaient l'Assemblée nationale au moment de ces échanges dans l'hémicycle : leurs enseignants étaient atterrés par le niveau des échanges. Atterrés, car ils savent que certains de leurs élèves s'alcoolisent massivement le samedi soir, et pas seulement en buvant de la bière, du gin ou de la vodka. Je suis originaire, comme beaucoup d'entre nous, d'une région viticole, du Sud-Ouest en l'occurrence. Nous savons que ce sont des bouteilles de vin qui se trouvent dans les voitures des jeunes le samedi soir. Et lorsque j'entends dans l'hémicycle que lorsqu'un jeune a 1,5 gramme d'alcool dans le sang, il reste à déterminer s'il s'agit d'un vin du terroir ou de vodka, l'effet est le même.

Enfin sur le tiers payant généralisé, permettez-moi de rappeler que les pharmacies le pratiquent depuis longtemps. Les infirmiers et infirmières- auxquels je tiens à apporter le soutien de l'Assemblée nationale suite au traitement lapidaire, voire inacceptable dont ils ont fait l'objet dans le récent rapport de la Cour des comptes - pratiquent également le tiers payant, y compris pour des déplacements à six euros. D'autres professions le pratiquent également.

Pour en revenir à des considérations plus globales, il me semble clair, après toutes ces interventions, que nous ne pourrons nous accorder sur un texte commun.

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