Intervention de Delphine Ernotte-Cunci

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 4 novembre 2015 à 14h20
Audition de Mme Delphine Ernotte-cunci présidente de france télévisions

Delphine Ernotte-Cunci, présidente de France Télévisions :

S'agissant de la ressource, l'amendement est plutôt conjoncturel, même si, à l'origine, la taxe Copé visait à compenser le manque à gagner consécutif à la suppression de la publicité après 20 heures. Que ce dispositif soit pérenne ou non, il ne remet pas en cause le régime de la CAP. Aux Etats-Unis, le nombre de téléviseurs a baissé de 10 % en deux ans et en France la tendance va dans le même sens.

Il faut revoir le modèle de la télévision publique. La BBC ne programme pas de publicité et son chiffre d'affaires atteint 1 milliard d'euros avec la monétisation des oeuvres qu'elle produit. Il y a un équilibre à trouver, par des financements mixtes ou publics. Je trouve important pour l'entreprise que des équipes se mobilisent pour chercher des ressources supplémentaires. Il est sain pour son fonctionnement de continuer à insuffler cette culture d'entreprenariat, les notions de gestion et de chiffre d'affaires.

Dans le domaine de la production, je ne comprends pas pourquoi le régime des entreprises publiques est différent de celui des entreprises privées. Le rôle du service public est encore plus important que celui des entreprises privées puisqu'il doit contribuer de manière plus significative à la création française. Quel est le raisonnement logique dans le fait que TF1 bénéficie d'une part dépendante de 25 % et France Télévision de 5 % ? Nous réclamons aujourd'hui une équité de traitement entre chaînes publiques et chaînes privées et la définition d'une part dépendante en équilibre. Nous possédons l'outil de fabrication nécessaire mais il n'est pas dans notre intention de fabriquer par nous-mêmes. Nous voulons coproduire et continuer à faire vivre le tissu des producteurs indépendants. L'intégration verticale, telle qu'elle existe à TF1 ou sur Canal, ne nous concerne pas. France Télévisions a par ailleurs le souci de partager l'investissement public. A qui profite l'investissement de centaines de millions d'euros dans un programme comme « Plus belle la vie », sinon à des individus qui finissent par vendre leur société ? Le contraste est saisissant entre l'obtention, pour laquelle nous nous battons, de 25 millions d'euros l'année prochaine et une opération de rachat qui nécessite de mobiliser rapidement 100 millions d'euros.

La chaîne d'information relèverait d'une coopération entre les différentes rédactions, soit selon une répartition des heures, soit en orchestrant un système de va-et-vient entre chacune d'entre elles. Les entités publiques souhaitent que les contenus de la chaîne d'information émanent de leurs propres rédactions, en formant une équipe centrale, la plus courte possible, qui fasse remonter les sujets et les intègre. Il n'est nul besoin de recréer de la matière, les rédactions n'en manquent pas, qu'elles soient nationales, régionales ou d'outre-mer.

En ce qui concerne le lancement de la plateforme numérique, nous devons opérer les uns et les autres en bonne intelligence. J'ai bon espoir, comme Frédéric Schlesinger, directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France, que le projet soit arrêté à la mi-décembre. C'est un beau projet, collectif et solidaire.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion