Intervention de Pierre Laurent

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 4 novembre 2015 à 14h20
Audition de Mme Delphine Ernotte-cunci présidente de france télévisions

Photo de Pierre LaurentPierre Laurent :

Votre présentation est, madame la présidente, extrêmement intéressante et je vous en remercie. La réouverture de la question du partage des droits a été souvent soulevée, notamment dans le rapport Plancade, à une époque où le service public nourrissait des revenus qui lui échappaient alors qu'il contribuait à la production. Je me réjouis de l'unanimité parmi nous sur ce point aujourd'hui.

Vous avez dit être opposée à la reconstruction d'un groupe vertical. Il n'en reste pas moins que la question de la production se pose. Une montée en puissance des moyens de productions internes est-elle exclue ? Allez-vous pouvoir continuer à produire une télévision de qualité compte tenu de l'évolution des technologies qui risque de bouleverser les contenus comme les usages et les conditions de production ? J'entends bien votre souhait d'entretenir, à condition qu'ils jouent le jeu, un vivier de producteurs indépendants, mais la question de la production intégrée ne se pose-t-elle pas ?

Votre projet de plateforme VOD est une question que nous avions soulevée au moment de la parution du rapport Lescure sur l'an II de l'exception culturelle. Si le service public ne prend pas l'initiative d'une montée en puissance avec les moyens considérables dont il dispose, qui la prendra ? Cette production serait la bienvenue et nous la soutiendrons.

Votre objectif de renforcement de l'information sportive, dans un contexte international où les droits de diffusion ne cessent de croître, est important. Défendre la programmation sur les antennes des compétitions sportives dont les enjeux commerciaux sont moindres l'est également.

Les attentes du public en matière de programmes culturels sont souvent sous-estimées. La télévision, avec le potentiel dont elle dispose, devrait faire preuve d'audace dans ce domaine afin d'aller au-devant de cette demande.

Nous serons extrêmement vigilants sur la nécessité d'un équilibre dans la gestion rigoureuse que vous avez évoquée et sur la situation des personnels de France Télévisions. Dans une entreprise comme la vôtre, la valeur du personnel n'a pas seulement un coût, elle est la garantie d'une création riche. Un personnel malmené dont les compétences ne sont pas développées n'est pas en mesure de produire une télévision de qualité.

Concernant la publicité, l'évolution progressive et raisonnable dans laquelle vous comptez vous inscrire, au risque d'une déstabilisation des finances publiques, suscite, à mon sens, un débat sur le coût, pour les consommateurs, d'une publicité produite par le secteur privé. La question de la mutualisation des recettes générées par la publicité pour financer le service public continue à se poser.

Je suis conscient de ce que le lancement d'une chaîne d'information s'avère compliqué ; je m'interroge tout de même sur l'originalité de la télévision en matière d'information au sein du service public. Une distance croissante se crée entre une grande partie des citoyens et la nécessité d'un débat public national. C'est une question majeure. Le service public a un rôle à jouer pour résorber la fracture démocratique qui se creuse de manière importante. Nombreux sont ceux qui, aujourd'hui, ne se reconnaissent pas dans les programmes diffusés sur les antennes de télévision, si diverses soient-elles, y compris sur celles du service public, et ne trouvent pas de réponse dans un débat public éclairé. Je ne suis pas certain que la chaîne d'information continue que vous souhaitez mettre en place réponde à cette attente. Au-delà du pluralisme, le rôle joué par le service public dans le domaine de l'information mérite une réflexion sur le terrain politique.

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