Intervention de Amiral Bernard Rogel

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 octobre 2015 à 9h00
Loi de finances pour 2016 — Audition de l'amiral bernard rogel chef d'état-major de la marine cemm

Amiral Bernard Rogel :

Le futur système de drone antimines (système de lutte anti-mines du futur ou SLAMF) est bien celui de la marine. C'est un élément particulièrement important.

On démine chaque année plus de 2 500 engins explosifs historiques sur nos côtes. Ces besoins sont accrus avec l'arrivée de l'hydrolien et de l'éolien offshore, car plus de 60 % des engins explosifs lancés pendant les conflits mondiaux gisent toujours au fond des mers. On a donc besoin au quotidien d'un système de déminage performant.

C'est encore plus vrai pour les opérations à l'extérieur. Les stocks de mines sont désormais accessibles aux terroristes dans les pays en crise. C'est une menace qu'il faut prendre en compte avec vigilance.

C'est l'objet du projet que l'on mène avec les Britanniques, de remplacement du système actuel de chasse aux mines par bâtiment par un système de drone. Ce système qui pourra être mis en oeuvre depuis la mer pourra aussi être déployé à partir de la terre, ce qui dans un certain nombre de cas pourra s'avérer plus pratique et moins coûteux.

Ce projet avance. Je suis confiant quant à son arrivée. Il doit remplacer nos chasseurs de mines à partir de 2021. Il s'agit d'un projet ambitieux dont nous maîtrisons bien les éléments séparément. Il faut à présent tout regrouper.

D'autres nations européennes pourraient être intéressées, tout le monde ayant cette menace grandissante à l'esprit.

Oui, la vente de La Normandie a constitué pour nous un exploit. Nous avons dû repousser d'un an le retrait du service actif de trois frégates d'ancienne génération. Cela a un coût, les équipages étant plus nombreux. Pour cela, nous avons obtenu de maintenir 250 postes à titre temporaire. Le vrai défi a été de transférer notre savoir-faire et une partie de nos nouveaux équipages à DCI-NAVFCO afin de former les marins égyptiens, alors que nous étions à peine en train de former les nôtres. C'est un exploit même si nous étions condamnés à réussir. Il faut maintenant étudier la façon de stabiliser cette nouvelle compétence. Un marin de frégate multimissions n'est pas le même qu'un marin de Frégate F70. Ce ne sont pas les mêmes technologies. C'est comme si l'on demandait à un standardiste d'aujourd'hui de revenir au standard à fiches ! Il nous faut donc sécuriser notre ressource humaine.

Pour ce qui est de la vente de BPC, on a une expérience de quelques années et on dispose de réservistes formés. Le vivier étant plus important, cela devrait donc mieux se passer.

Quant à la nécessité de recruter des informaticiens et des mécaniciens, cela ne signifie pas que l'on ne continuera pas à recruter à l'École des mousses des élèves en difficulté scolaire à la sortie de la troisième.

Le succès de l'Ecole des mousses est tel que j'ai décidé d'en créer une seconde à Cherbourg. Les élèves qui en sortent représentent mon meilleur taux de fidélisation dans la marine. Ils y demeurent à 75 %. Ce sont des jeunes en difficulté scolaire que l'on réussit à faire évoluer ! Je souhaite continuer à développer cette formation pour faire fonctionner l'ascenseur social.

Aujourd'hui, nous travaillons beaucoup avec l'éducation nationale. Nous avons créé une nouvelle filière mécanique-informatique qui correspondra mieux à nos besoins. Cette filière sera inaugurée à Saint-Mandrier-sur-Mer, dans un lycée civil. Nous travaillons en permanence avec des classes de BTS et des lycées professionnels. Nous envisageons même de mettre en place un système de bourses pour payer des études à des jeunes dans les filières qui nous intéressent, en échange d'un contrat dans la marine.

Nous sommes obligés d'évoluer pour adapter notre recrutement à la marine de demain. Nos contacts avec le ministère de l'éducation nationale sont vraiment excellents, et je pense que l'on y parviendra.

Quant à l'adaptation des réseaux électriques, ceux des bases navales datent du plan Marshall ; il était donc temps de les rénover. Un bateau informatique n'a pas le même bilan électrique qu'un bateau mécanique. Il fallait adapter tout cela. Il était cohérent de le faire au moment de l'arrivée des nouveaux bâtiments.

S'agissant du taux de disponibilité des aéronefs, nous nous sommes adossés aux services interarmées que sont la SIMMAD et le service industriel de l'aéronautique (SIAé). Le taux de disponibilité - excepté pour les Rafale - n'est pas excellent parce qu'on fait appel à des aéronefs extrêmement vieux, voire « vintage », comme l'Alouette 3, le Lynx, ou l'Atlantique 2.

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