Intervention de Amiral Bernard Rogel

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 octobre 2015 à 9h00
Loi de finances pour 2016 — Audition de l'amiral bernard rogel chef d'état-major de la marine cemm

Amiral Bernard Rogel :

Je commencerai par répondre à cette dernière question, si vous le voulez bien. Le porte-avions fait l'objet de nombreuses réflexions, dont certaines peuvent être constructives. Pour ma part, j'observe que ce bâtiment est le dernier de ce type en Europe, au moment où la Chine va en construire quatre, l'Inde également ; où les États-Unis en ont onze qu'ils renouvellent ; où les Britanniques en construisent deux. Je vous ai dit à quel point le savoir-faire de notre groupe aéronaval agissait, dans ce contexte, comme un pôle d'attraction des marines occidentales et notamment européennes. Pourquoi les Français baisseraient-ils la garde précisément à cet instant ? Il y a là quelque chose que je ne comprends pas très bien, alors que nous avons réussi à nous maintenir parmi les meilleurs au monde jusque-là !

Puisque votre question évoque les coûts, par ailleurs, nous émargeons très peu au surcoût des OPEX. En moyenne annualisée, la marine met cinq mille marins en permanence à la mer. Ces cinq mille marins en opérations - qui incluent donc les déploiements du porte-avions - émargent pour moins de 100 millions d'euros sur le 1,2 milliard d'euros affecté aux OPEX. La proportion parle d'elle-même.

Stratégiquement, je ne voudrais pas non plus qu'on soit frappé du syndrome du poisson rouge, qui fait un tour de bocal, puis oublie ! Le porte-avions a été employé dans les Balkans, au large du Liban, en Libye. Il a fait la démonstration que lorsqu'on ne peut arriver par les airs ou par la terre, on peut arriver par la mer. En Afghanistan, c'est le porte-avions français qui est arrivé le premier sur zone ! Il ne faut pas lui faire de mauvais procès.

Militairement, l'intérêt du porte-avions est évident. Sa possession est une question politique, et pas seulement militaire. J'ai bien compris votre question, mais je me fais un peu provocateur...

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