Intervention de Gilbert Roger

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 octobre 2015 à 9h00
Loi de finances pour 2016 — Audition du général andré lanata chef d'état-major de l'armée de l'air

Photo de Gilbert RogerGilbert Roger :

Vous avez évoqué 500 suppressions d'emploi. Pourriez-vous m'indiquer plus précisément dans quels secteurs ces suppressions seront faites, et sur quels types de postes auront lieu les recrutements que vous avez évoqués ?

Général André Lanata. - L'actualisation de la LPM a permis de renforcer notre capacité à tenir dans la durée, tant sur le territoire national qu'en OPEX ; l'effort a porté pour cela sur plusieurs volets :

- concernant les ressources humaines, il s'agissait de compenser certaines évolutions du plan de restructuration comme la non-fermeture d'une base aérienne et de renforcer les moyens en matière de commandement et de contrôle, protection des emprises, pilotage des drones et soutien aux exportations ;

- des efforts ciblés en matière d'équipements, avec les quatre C130 pour le transport tactique, les pods de désignation laser pour permettre la régénération, le renforcement des forces spéciales pour permettre une augmentation de l'entraînement, la commande des trois MRTT, ainsi qu'un lot de recharge de Rafale ;

250 millions d'euros consacrés dans l'actualisation de la LPM au MCO aéronautique.

Au-delà de l'actualisation de la LPM, nous avons pris des mesures organiques pour nous adapter à ce contexte d'engagement important. Ainsi pour soulager les missions de nos Mirage 2000D, nous avons déployé des Mirage 2000N et des Mirage 2000C sur les théâtres d'opérations et conduit des missions mixtes au Sahel et en Jordanie.

Tenir dans la durée suppose que nous obtenions le remboursement des dépenses supplémentaires engagées en opérations (OPEX et OPINT), soit 150 millions d'euros pour l'armée de l'air en 2015, avec comme principaux postes l'entretien programmé du matériel et les munitions.

Concernant le retour d'expérience sur les drones MALE, nous n'avons pas encore atteint deux années d'utilisation. Nous avons effectué 2750 heures en 2015 et prévoyons d'en faire 5000 en 2016, ce qui prouve notre intérêt à exploiter cette capacité.

Nous sommes satisfaits de la disponibilité, de la précision et de l'endurance de cet équipement, dont l'utilité n'est plus à démontrer pour couvrir les 5 millions de kilomètres carrés de la bande sahélo-saharienne. Cet équipement monte en puissance, avec trois drones Reaper désormais - le système dont nous disposons a été complété par un troisième vecteur en mai 2015 ; ils sont opérés depuis la base de Niamey et utilisés par neuf équipages opérationnels. L'un des enjeux est la formation des personnels à l'utilisation de ces appareils. Actuellement, ils ne peuvent être formés qu'aux Etats-Unis et sur les théâtres d'opérations extérieures, ce qui expose les équipages à un sur-engagement. C'est pourquoi nous avons besoin de commander un outil de simulation. Concernant la capacité, un deuxième système sera livré en 2016 et un troisième, plus performant (dit « block 5 »), sera commandé avant la fin 2015, permettant une plus grande autonomie d'utilisation et présentant l'avantage de pouvoir être utilisé également dans l'espace aérien national. Ce sera d'autant plus opportun que les Harfang seront retirés du service en 2017, ce qui nous privera d'opérer avec cette capacité sur le territoire national. La commande d'un quatrième système en 2016 permettra d'atteindre l'objectif fixé par la LPM à l'horizon 2019.

L'accompagnement des marchés à l'exportation fait partie de nos missions. Les clients recherchent davantage que le seul équipement. Ils sont demandeurs de notre savoir-faire opérationnel. Il n'y a pas d'export sans industrie de défense performante ni sans armée crédible opérationnellement.

La question du soutien des marchés Rafale est un point d'attention. Des équipages égyptiens ont été formés par l'armée de l'air. Six avions de l'Armée de l'air, mis à disposition du client, doivent être restitués en 2016-2017. Les équipages qataris devront également être formés, ce qui nécessitera un effort important de l'Armée de l'air, réparti sur quatre ans et concentré sur les années 2017 et 2018. Il conviendra d'être attentif aux ressources humaines, afin de pouvoir mettre à disposition cette activité, dans un contexte où l'industrie recherche aussi des compétences pour honorer ses contrats.

Ces contrats libèrent par ailleurs des marges de manoeuvre, qui doivent pouvoir bénéficier aux capacités opérationnelles des armées. La forte croissance des exportations a, en effet, été rendue possible par l'investissement de l'État pour construire son outil de défense.

L'industrie doit aussi anticiper la production des équipements les plus longs à produire, dès lors qu'elle estime avoir de bonnes chances de réaliser certains marchés. Il doit exister dans l'Etat des dispositifs permettant de garantir les risques. A défaut, ils sont supportés par les armées.

Les suppressions d'effectifs sont un point d'attention central. Les ressources humaines seront-elles suffisantes, compte tenu de l'effort supplémentaire demandé aux armées ? Nous avons décidé de porter une attention particulière aux domaines du commandement et du contrôle, du soutien à l'exportation, des drones et de la protection, couverts par l'actualisation de la LPM. Au-delà, j'aurai deux points d'attention : l'ensemble des spécialités liées aux métiers de l'aéronautique et les moyens de commandement et de contrôle, pour tenir nos engagements en opération.

Compte tenu des moindres déflations, nous doublons les recrutements cette année par rapport à 2014. Ces recrutements s'élèveront à 2 400. C'est un défi, notamment dans les métiers de la protection.

Deux députés se sont rendus sur notre base en Jordanie. Ils ont été sensibles à l'épaisseur opérationnelle de nos forces. La Syrie constitue un territoire particulièrement hostile, dont le survol nécessite que nous attachions une importance centrale aux capacités de recherche et de sauvetage en combat. Sur ce théâtre, cette capacité est aujourd'hui assurée principalement par les Américains. Cette situation souligne également l'utilité de disposer de ravitaillement en vol sur hélicoptères.

La France intervient en Syrie dans le cadre d'une coalition dont l'ennemi est le groupe armé Daech. Notre intervention est fondée sur la légitime défense et l'article 51 de la Charte des Nations unies.

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