Intervention de Jacques Gautier

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 octobre 2015 à 9h00
Loi de finances pour 2016 — Audition du général andré lanata chef d'état-major de l'armée de l'air

Photo de Jacques GautierJacques Gautier, président :

Une dernière question, portant sur la perspective d'acquérir quatre nouveaux avions C130, en attendant la montée en puissance de l'A400M. Dans la limite de l'enveloppe budgétaire disponible pour cette opération - dont le délégué général pour l'armement nous a rappelé, tout à l'heure, qu'elle était de 330 millions d'euros -, l'option actuelle consiste à acheter quatre C130J neufs, dont deux permettant le ravitaillement en vol d'hélicoptères, qui seraient immédiatement disponibles, ou quatre C130H d'occasion, disposant du potentiel requis, mais qui devraient être rénovés. Où la préférence de l'armée de l'air irait-elle ?

Général André Lanata. - C'est une question que je connais bien, dans la mesure où j'en ai été chargé dans le cadre de mes précédentes fonctions, au sein de l'état-major des armées. Il convient de la replacer dans le contexte de la situation de notre flotte tactique, qui comporte les avions A400M, les avions C130 et les avions C160. Cette flotte s'avère essentielle, afin de permettre la mobilité de nos forces dans les espaces immenses de la bande sahélo-saharienne. Le besoin de mobilité sur ce théâtre, de même, explique la dimension critique des hélicoptères, notamment pour l'armée de terre - d'où l'actualisation de la programmation militaire en faveur des Tigre et NH90 -, et du ravitaillement en vol de ces hélicoptères.

D'un côté, la montée en puissance de l'A400M, comme toute entrée en service d'équipement militaire, a fait apparaître des difficultés techniques. Une phase de maturation opérationnelle est normale, s'agissant d'un équipement particulièrement complexe. Les problèmes, en pratique, sont de deux ordres : au plan quantitatif, ils tiennent aux difficultés de l'industriel à livrer les appareils dans les délais prévus ; au plan qualitatif, il s'agit de la mise à disposition des fonctionnalités tactiques les plus importantes. Pour le moment, nous sommes, sur ces demandes, dans l'attente des réponses de l'industriel. L'A400M, aujourd'hui, constitue un excellent appareil logistique.

De l'autre côté, des paris ambitieux de vieillissement du parc de nos avions C160 ont été faits. Dans ces conditions, nous sommes soumis à des aléas, et nous ne pouvons pas garantir la capacité de transport tactique. Le coût d'exploitation de la flotte des C160 a d'ailleurs augmenté de 40 % sur la durée de mise en oeuvre de la loi de programmation militaire.

Dans la phase de transition que nous traversons ainsi - une transition qui est appelée à durer, compte tenu de l'étalement des livraisons de l'A400M entériné à l'occasion de l'actualisation de la programmation militaire -, nous nous appuyons sur la flotte des avions C130. Alors que nous nous trouvons, en la matière, au milieu du gué, il s'agit de renforcer ce pivot. Du reste, une flotte bien structurée, à terme, devra comporter le segment des « cargos stratégiques » que sont les A400M et, à la fois, un segment cargo médian composé de C130. On peut comparer cela à la politique des compagnies aériennes civiles : pour optimiser leur flotte, elles doivent faire appel à d'autres appareils que ceux disposant de grandes capacités de transport.

Voilà pourquoi nous avons un absolu besoin, d'une part, de rénover les C130 existants et, d'autre part, d'acquérir quatre nouveaux avions en complément. Nous n'avions pas encore fait le choix d'acheter des appareils neuf ou des appareils d'occasion, la réflexion est en cours. De fait, nous avons expressément renvoyé à une étude la mise à disposition de quatre C 130 supplémentaires, dont deux équipés afin de pouvoir ravitailler en vol les hélicoptères.

Très grand merci, mon Général, pour vos indications tout au long de cette première audition, par notre commission, dans vos nouvelles fonctions.

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