Intervention de Marie-Christine Blandin

Réunion du 16 novembre 2015 à 21h30
Rôle déterminant des territoires pour la réussite d'un accord mondial ambitieux sur le climat — Discussion d'une proposition de résolution

Photo de Marie-Christine BlandinMarie-Christine Blandin, au nom de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication :

C’est la jeunesse, c’est la culture que l’on a frappées. Que serait la COP 21, que serait la transition à construire ensemble sans la culture, sans la recherche, sans l’éducation, sans les médias ?

Je salue le travail de M. Bignon, et je remercie Mme la présidente Morin-Desailly et les membres de la commission de la culture de me permettre de prononcer cette brève intervention.

Claude Lévi-Strauss et Edgar Morin nous poussent à nous interroger sur notre façon d’habiter la Terre : anticiper et gérer les difficultés posées par le réchauffement climatique, c’est d’abord partir des faits avérés, loin des rumeurs, négations ou exagérations. Nous devons « désintriquer » les savoirs et les croyances.

L’Académie des sciences, par soixante-dix-huit voix contre neuf, vient de dire l’urgence d’agir et de reconnaître la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique.

Tous nos organismes de recherche se sont mis de longue date au travail, mais la complexité des phénomènes imbriqués, le besoin d’évaluer les capacités de résilience des territoires et la demande inédite des gouvernements de disposer d’une aide à la décision ont changé les méthodes pour plus de transdisciplinarité – le CNES, le Centre national d’études spatiales, et l’IRD, l’Institut de recherche pour le développement, travaillent ensemble –, plus de modélisation –nous avons reçu des représentants de l’INRIA, l’Institut national de recherche en informatique et en automatique –, plus de collaboration dans le temps, avec le GIEC, et le retour de l’apport du Muséum national d’histoire naturelle pour instaurer, au côté des innovations, des symbioses peu coûteuses avec les écosystèmes, par exemple la prévention des inondations ou le stockage naturel du carbone dans les sols, pour peu qu’ils soient riches de vie.

L’éducation est un enjeu clé : elle doit viser l’acquisition de connaissances, mais aussi de compétences – je pense en particulier à l’éveil à l’environnement ou à l’apprentissage de l’altérité et de la coopération, car nous ne voulons pas voir nos enfants se battre pour le dernier litre de pétrole ou d’eau potable. Je n’oublie pas la formation professionnelle et agricole, tant il est vrai qu’il nous faut des artisans et des ingénieurs de la sobriété, du recyclage et de l’écoconception.

Les tableaux des musées comme les photographies des archives nous montrent la biodiversité et les fumées d’usines d’hier. Le patrimoine se dégrade sous l’effet des rejets atmosphériques, mais les bibliothèques, lieux collectifs éclairés et chauffés, nous ouvrent la voie du plaisir avec moins de pollution.

Quant aux médias, ils font plus de pédagogie scientifique, tandis que le pluralisme a minoré la place des climato-sceptiques.

Au-delà de la question des droits culturels, je conclurai en évoquant un ressort cher à notre commission comme aux collectivités territoriales : le partage de la culture scientifique. Mes chers collègues, quelle que soit l’urgence, quelles que soient les catastrophes, aucune solution, fût-elle internationale, ne sera durable si elle est parachutée autoritairement. C’est de conscience collective que nous avons besoin, pour que chacun devienne usager responsable, consommateur sobre, inventeur ingénieux et citoyen ou citoyenne solidaire. Or cela est impossible sans la culture !

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