Intervention de Chantal Jouanno

Réunion du 16 novembre 2015 à 21h30
Rôle déterminant des territoires pour la réussite d'un accord mondial ambitieux sur le climat — Discussion d'une proposition de résolution

Photo de Chantal JouannoChantal Jouanno, présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, un triste hasard fait que ce débat sur le changement climatique se tient juste après une réunion du Congrès consacrée à la guerre contre le terrorisme. Il y a pourtant un point commun entre ces deux questions : à travers le monde, les femmes sont à la fois les premières cibles des terroristes et les premières victimes des dérèglements climatiques.

Ce dernier point a été particulièrement analysé lors des tables rondes que la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes a organisées en vue de contribuer au présent projet de résolution. Notre rapport montre que les femmes, qui supportent déjà l’essentiel de la pauvreté – 70 % des personnes qui vivent avec moins de 1 dollar par jour sont des femmes –, seront aussi les premières touchées par les dérèglements climatiques, parce qu’elles travaillent en grand nombre dans les secteurs le plus durement frappés par ceux-ci : elles représentent, en particulier, 70 % des agriculteurs africains. Ce sont aussi les femmes qui effectuent les corvées d’eau. Or, sous l’effet des dérèglements climatiques, non seulement les rendements agricoles vont baisser, de l’ordre de 25 % alors qu’il faudrait les augmenter de 60 %, mais les distances à parcourir pour chercher de l’eau seront plus grandes. De ce fait, la scolarisation des jeunes filles va régresser. Je remercie Jérôme Bignon d’avoir pris en compte cette dimension dans la proposition de résolution qu’il a présentée.

La délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes a également mis en évidence que les femmes, parce qu’elles assurent le principal des tâches quotidiennes, peuvent être aussi des actrices de la lutte contre le changement climatique, en trouvant des solutions concrètes. Ainsi, ce sont des femmes qui ont imaginé de remplacer le bois de cuisson par des fours solaires, afin de limiter la déforestation et les émissions de gaz à effet de serre.

Or les femmes représentent moins de 30 % des participants aux négociations climatiques et sont rarement destinataires des fonds publics destinés à la lutte contre les dérèglements climatiques : moins de 19 % des financements profitent à des projets menés par des femmes.

Tout cela explique notre volonté d’inscrire dans la résolution la nécessité de prendre en compte les femmes dans l’agenda des solutions, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, et de les reconnaître comme actrices de la négociation internationale. L’autonomisation des femmes est une question qui, pour l’heure, fait polémique.

Les femmes victimes, les femmes actrices et partenaires des négociations, les femmes destinataires des fonds publics destinés à la lutte contre les dérèglements climatiques : je remercie encore une fois Jérôme Bignon d’avoir bien voulu inscrire ces éléments dans la proposition de résolution.

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