Intervention de Michel Magras

Réunion du 16 novembre 2015 à 21h30
Rôle déterminant des territoires pour la réussite d'un accord mondial ambitieux sur le climat — Discussion d'une proposition de résolution

Photo de Michel MagrasMichel Magras, président de la délégation sénatoriale à l’outre-mer :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, placés aux avant-postes du défi climatique en termes de vulnérabilité comme de solutions à inscrire à l’agenda, nos outre-mer sont au cœur de notre débat d’aujourd’hui.

En effet, ils éprouvent – depuis longtemps déjà – de manière très concrète et souvent violente les effets du dérèglement climatique : nous en avons encore eu une illustration voilà dix jours à la Martinique. Je profite d’ailleurs de cette occasion pour exprimer notre solidarité à nos compatriotes martiniquais.

Situés dans des zones de la planète parmi les plus exposées aux risques climatiques, les territoires ultramarins ont été très tôt sensibilisés à ces enjeux. Il faut dire que les principaux secteurs d’activité de leurs économies – agriculture, pêche, tourisme – sont particulièrement vulnérables et se trouvent au cœur des problématiques environnementales. Nous avons pu le constater, le 30 septembre dernier, lors du colloque organisé par la délégation sénatoriale à l’outre-mer intitulé « Une bannière verte et bleue pour un renouveau du tourisme dans les outre-mer ».

La prise de conscience des autorités territoriales, des acteurs économiques et de la société civile des outre-mer a conduit à rechercher activement des solutions d’atténuation et d’adaptation, qui se déclinent dans de nombreux domaines.

Le rapport d’information publié au nom du groupe de travail commun à notre délégation et à la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, dont nos collègues Jérôme Bignon et Jacques Cornano, que je félicite et remercie, ont été les excellents rapporteurs, présente ainsi de multiples réalisations territoriales.

Ce rapport constitue une riche vitrine, illustrant le potentiel effectif d’innovation de nos outre-mer. Qu’il s’agisse de la gestion de la ressource en eau, de la mise au point de modèles agricoles robustes et résilients, de la promotion d’une grande diversité d’énergies renouvelables, de l’élaboration des procédures de prévention des risques naturels ou encore du développement de politiques de sensibilisation et d’éducation du public, notamment à destination des jeunes, les territoires ultramarins s’emploient à définir des solutions vertueuses et souvent innovantes.

Un précédent rapport du même groupe de travail avait souligné combien les patrimoines naturels, singulièrement les biodiversités de nos outre-mer, étaient exceptionnels, leur vulnérabilité appelant des réponses urgentes pour protéger des trésors qui jouent un rôle actif dans la lutte contre les effets du réchauffement climatique. Je pense en particulier aux coraux, qui sont les pouponnières de la biodiversité marine et dont les récifs constituent également une barrière de protection contre les déferlements marins pour les rivages de très nombreuses îles.

L’approche maritime apparaît d’une importance majeure au regard de la problématique climatique. Or ce sont bien nos outre-mer qui confèrent à notre pays sa dimension planétaire, le classent au deuxième rang mondial pour la superficie maritime et assurent sa présence sur tous les océans et sous toutes les latitudes.

La France occupe ainsi une place unique en son genre et tout à fait privilégiée pour observer les évolutions du climat, en mesurer l’impact et expérimenter des stratégies d’atténuation et d’adaptation dans de multiples secteurs.

Je me félicite que les auteurs de la proposition de résolution mettent l’accent sur cette originalité de notre pays et en attribuent le mérite à nos outre-mer, tout en soulignant leur rôle de laboratoires pour la définition de solutions innovantes.

Toutefois, il me semble nécessaire de compléter ce constat en faisant valoir que cette singularité confère à notre pays une responsabilité supérieure dans l’élaboration et la promotion d’un agenda des solutions à l’échelle internationale, en direction des pays du Sud tout particulièrement. Or, bien souvent, à l’interface entre pays du Nord et pays du Sud, nos outre-mer peuvent être, dans leurs bassins océaniques respectifs, les agents d’une meilleure diffusion de la réflexion climatique et contribuer à la promotion de modèles de développement effectivement durable.

Pour terminer, je m’associerai aux remerciements qui ont été adressés à l’auteur de la proposition de résolution, Jérôme Bignon, ainsi qu’à M. le président du Sénat, pour cette belle initiative !

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