« Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, et nous refusons de l’admettre. L’humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l’humanité sont en péril et nous sommes tous responsables.
« Il est temps, je crois, d’ouvrir les yeux. Sur tous les continents, les signaux d’alerte s’allument. […] Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie.
« Notre responsabilité collective est engagée. Responsabilité première des pays développés, première par l’histoire, première par la puissance, première par le niveau de leur consommation. Si l’humanité entière se comportait comme les pays du Nord, il faudrait deux planètes supplémentaires pour faire face à nos besoins ! […]
« Dix ans après Rio, nous n’avons pas de quoi être fiers. »
Ainsi s’exprimait Jacques Chirac à Johannesburg, en 2002. Par la charte de l’environnement, il intégra le droit environnemental à la Constitution.
Au-delà des grands principes, nous pensions, cinq ans plus tard, franchir une étape décisive, celle des travaux pratiques et de la transformation du réel, avec le Grenelle de l’environnement. J’y ai cru, comme beaucoup d’entre nous. Le bilan est certes en demi-teinte, mais il reste à ce jour inégalé.
En 2007, Nicolas Sarkozy annonçait « l’acte fondateur d’une nouvelle politique, d’un New Deal écologique en France, en Europe et dans le monde ». Séduit, Al Gore plaidait pour un « Grenelle mondial ».
En conclusion du Grenelle, Nicolas Sarkozy appelait à « une révolution dans nos façons de penser et de décider, dans nos comportements, dans nos politiques, nos objectifs et nos critères ».
Il annonçait que toutes – oui, toutes ! – les décisions publiques seraient arbitrées en intégrant leur coût environnemental.
Il annonçait une révolution dans le bâtiment par la mise en place de nouvelles normes et d’un programme de rénovation thermique : promesse tenue.
Il annonçait des investissements massifs dans les transports : promesse tenue par lui mais abandonnée par son successeur, avec l’abrogation de l’écotaxe poids lourds.
Il annonçait la taxe carbone ou taxe climat énergie, décidée par lui mais censurée par le Conseil constitutionnel.
Il annonçait le traitement du problème du dumping environnemental européen : promesse non tenue.
Il annonçait l’instauration du bonus-malus écologique pour les voitures : promesse tenue avec une grande efficacité, mais limitée au CO2 sans tenir compte des particules.
Il annonçait la diminution de l’usage des pesticides : promesse non tenue.
Il annonçait le respect du principe de précaution : promesse tenue jusqu’à présent.
Il annonçait la multiplication par cinq des crédits dévolus à la veille environnementale : promesse non tenue.
Je n’ose rappeler l’idée de prélever 1 % des bénéfices des entreprises du CAC 40 au profit d’une fondation pour le climat et la biodiversité. Quand un tel pourcentage est alloué à des œuvres, c’est parfois pour soutenir des actions environnementales, mais c’est aussi et surtout pour alimenter un lobbying puissant et polymorphe afin de nier la réalité et de permettre aux pollueurs de gagner du temps et de l’argent.