Il ne faut pas en avoir honte, c’est comme cela !
Très naturellement, et sans doute très inconsciemment, l’homme se dit qu’il passera toujours à côté. On laisse alors le préventif aux autres et on fait du curatif quand, malheureusement, on en a besoin. Or, vous le savez, le « tout-curatif », ça ne fonctionne pas toujours. Parfois, on risque même d’avoir des séquelles, qu’il s’agisse du secteur sanitaire, de l’environnement ou autres. Cette inaptitude à faire du préventif caractérise les hommes, mais aussi parfois les structures et les collectivités.
Quatrième évidence, la solution sera donc collective « ou ne sera pas » – oserai-je ajouter –, les nuages n’ayant pas de frontières, les vents pas de maître et les poisons étant souvent invisibles.
Cette dynamique collective, cette volonté collective et cette destinée collective, tout cela est en train d’être imaginé, tout cela est à construire, tout cela est à imposer comme une évidence, parce que c’est une évidence.
Nous remercions tous le Président de la République et le Gouvernement pour l’engagement et le volontarisme dont ils font preuve.
Quand on dit collectif, cela signifie : nations, citoyens, forces économiques, forces politiques, forces spirituelles, collectivités et individus. Tout le monde doit s’inscrire dans une dynamique collective, car nul n’a vraiment le choix.
Aussi permettez-moi d’être franc : dans ce domaine, on a encore beaucoup de convictions à faire partager, pas seulement avec certains gros pollueurs, pas seulement avec certains États, mais aussi avec beaucoup de responsables et de décideurs dans notre propre pays. Vous le savez : chacun ne croit pas à la troisième révolution industrielle, nous n’avons pas tous la même définition de l’urgence.
Certains élus utilisent encore les termes de « développement durable » comme on utilise de la confiture : pour badigeonner d’un peu de couleur leurs dossiers et pour y donner un peu de goût, mais ils n’y croient pas vraiment et d’autres priorités s’imposent à eux.
De ce point de vue, nous avons, vous avez, madame la secrétaire d’État, encore beaucoup de travail sur le métier, sachant qu’on ne peut se passer de tous ces acteurs, de tous ces relais, de toutes ces collectivités, de toutes ces ONG qui sont sur le terrain et qui savent aussi inventer, créer et avancer.
Madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, la première chose que l’on apprend à un étudiant en médecine, c’est un réflexe intellectuel : signes, diagnostic, traitement, avec une démarche bien établie pour faire le diagnostic.
Or notre terre n’est pas en grande forme. Certains voudraient nous faire croire qu’elle est un peu hypocondriaque. C’est faux : la terre n’est pas une malade imaginaire. Les signes sont de plus en plus évidents depuis quelques décennies. Les examens cliniques et paracliniques ne font que confirmer le mal et son origine. Reste à persuader la malade qu’elle doit se soigner, qu’elle peut se soigner, qu’elle peut limiter les séquelles et qu’elle doit être désormais plus prudente et plus raisonnable.
Cela semble une évidence pour nous tous, mais on sait, en médecine du moins, que les malades sont parfois plus difficiles à combattre que les microbes !