Intervention de Jacques-Bernard Magner

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 12 novembre 2015 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2016 — Mission « enseignement scolaire » - examen du rapport pour avis

Photo de Jacques-Bernard MagnerJacques-Bernard Magner :

Je suis atterré par les exposés de nos rapporteurs pour avis : il s'agit tout de même du premier budget de la nation. Je demeure stupéfait par les contradictions du rapporteur spécial de la commission des finances : il se réjouit de l'augmentation du nombre des enseignants dans le primaire et le secondaire tout en présentant un amendement qui propose de réduire de 150 millions d'euros les crédits de personnel de l'enseignement scolaire et de supprimer 4 230 postes. La logique de tels raisonnements m'échappe. On sait bien que la législation précédente a été marquée par la suppression de plus de 80 000 postes. Certains candidats à la prochaine élection présidentielle promettent près de 150 milliards d'euros d'économies. Je vous laisse imaginer, en termes de postes, les conséquences de cette promesse. Nous nous dirigeons vers une austérité terrible, qui verra de nombreuses classes et écoles fermées. On veut tuer le système éducatif français car on s'aperçoit aujourd'hui qu'il est onéreux, mais la formation de la jeunesse constitue une priorité essentielle. Du reste, les enseignants n'ont guère connu de revalorisation de leur traitement entre 2007 et 2012.

Il n'y en a d'ailleurs pas eu depuis le gouvernement Jospin. Il a fallu attendre que nous revenions au Gouvernement pour que soit proposée aux enseignants une véritable formation, qui commence à prendre ses effets, même s'il nous faut attendre plusieurs années avant de pouvoir retirer tout le bénéfice de cette démarche. Je comprends que l'opposition tienne son rôle comme il est de bonne guerre en démocratie, mais je suis désolé que celle-ci dépose un tel amendement au sein de notre commission, dont l'esprit est tout autre que celui de la commission des finances. Notre commission est au contraire chargée de l'éducation et s'adresse au coeur battant de notre pays qu'est la jeunesse. Je ne comprends pas, mon cher collègue, que vous nous proposiez de suivre des mesures aussi assassines, vous nous avez habitués à mieux par le passé.

Ce budget s'inscrit dans le respect de l'engagement de créer 60 000 postes au cours du quinquennat. Vous critiquez la réforme des rythmes scolaires, mais celle-ci a apporté une remarquable amélioration des conditions de vie des élèves, des enseignants et des gens qui vivent dans et autour de l'école, parmi lesquels les parents d'élèves. 90 % des communes sont aujourd'hui engagées dans un projet éducatif territorial (PEDT). Vous connaissez tous des exemples de réussite dans les communes de vos circonscriptions.

Si Jules Ferry avait été notre contemporain, il ne pourrait que rire de vos propos. Il a tout de même fait en sorte que chaque commune de notre pays puisse avoir une école publique, au bénéfice des générations de son époque. On ne s'interrogeait pas alors sur les motivations des maires des communes qui y étaient obligés. Aujourd'hui, on leur en donne les moyens et nous avons pérennisé le fonds de soutien. Nous tenons ainsi nos engagements.

Vous critiquez le quantitatif et dites préférer le qualitatif. Mais il n'y a pas de qualitatif sans formation des enseignants, sans aide aux enfants qui se trouvent dans des secteurs en difficulté. Oui, désormais les élèves sont mieux traités dans ce pays. Rappelez-vous également que les tests PISA que vous citez ont été effectués à l'issue du quinquennat précédent. J'attends avec impatience les résultats des tests PISA qui seront conduits à partir de 2017 et je suis à peu près certain qu'ils seront bien meilleurs que les précédents. Nous pensions que Les Républicains, puisque tel est leur nom, étaient bien plus proches de l'école de la République. En tout cas, nous voterons les crédits présentés par le Gouvernement. En ce qui concerne l'enseignement agricole, notre rapporteur pour avis, Mme Françoise Férat, a prononcé des mots justes. Celui-ci connaît plutôt une augmentation et sa situation n'a jamais été aussi satisfaisante. On peut toujours tout interpréter à partir des chiffres et des mots, mais la réalité demeure : ce budget est un bon budget.

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