Intervention de Marie-Christine Blandin

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 12 novembre 2015 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2016 — Mission « enseignement scolaire » - examen du rapport pour avis

Photo de Marie-Christine BlandinMarie-Christine Blandin :

La COP21 se déroulera du 30 novembre au 11 décembre prochain. Le groupe de travail réunissait une représentation modeste de chaque commission mais des membres de tous les groupes politiques. L'élaboration de la proposition de résolution a été transmise aux groupes et sera mise en débat lundi prochain. Le but était d'obtenir un texte consensuel. Pour cela, nous avons procédé à des nombreuses auditions. Certaines commissions et délégations s'étaient également impliquées préalablement : la commission des affaires étrangères a publié un rapport « Climat : vers un dérèglement géopolitique » qui évoquait les déplacés climatiques, la délégation aux droits des femmes a rendu public son rapport d'information sur « L'égalité entre hommes et femmes pour la justice climatique » qui constate que les femmes sont les principales victimes de ce changement, et dernier exemple, la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales a adopté un rapport intitulé « Les collectivités territoriales s'engagent pour le climat » qui constate que les actions de terrain sont particulièrement importantes en la matière.

Concernant la commission de la culture, on aurait pu dire que cela ne nous concernait pas et, à l'inverse, on aurait pu parler des conséquences climatiques dans un grand nombre de nos travaux, comme ceux sur la restauration scolaire, les rythmes scolaires, le numérique ou encore le sport, ne serait-ce qu'à travers l'impact énergétique des sports mécaniques.

Mais nous avons plutôt travaillé sur les enjeux de nos domaines de compétence que sont la recherche, les médias, l'école et la culture, qui sont au coeur des enjeux posés par les changements climatiques.

Je voudrais insister sur la production de savoirs. Un sommet tel que la COP21 ne peut exister sans production de savoirs. Sur ces savoirs, il doit y avoir des faits avérés. La désintrication entre croyances et savoirs est nécessaire. Il faut nous adosser à des savoirs et pour cela il faut une recherche indépendante. L'Académie des sciences a rendu un avis le 3 novembre dernier qui reconnaît enfin l'urgence et l'actualité de l'action en termes de recherche et d'innovation pour faire face au changement climatique et évoque la réduction des émissions de gaz à effet de serre d'origine anthropique.

Notre commission s'est souvent penchée sur la culture scientifique, technique et industrielle. Nous ne pourrons pas mobiliser les gens sans partager les savoirs. Les savoirs doivent être partagés si nous ne voulons pas aller vers une société violente.

Au niveau de la recherche, les organismes de recherche sont engagés dans cette démarche depuis plus de vingt ans. Mais ils se heurtent à la complexité des problèmes : le réchauffement climatique entraîne l'acidification des océans et le plancton calcaire se raréfie. Des effets spirales et « boule de neige » se produisent. L'étude de ces effets est particulièrement complexe. Toutes les disciplines sont mobilisées. Ainsi le Centre national d'études spatiales (CNES) et l'Institut de recherche pour le développement (IRD) travaillent ensemble sur les maladies émergentes en Guyane. L'Institut national de la recherche dédié au numérique, l'INRIA et le CEA sont engagés sur les modélisations.

Les gouvernements sollicitent de plus en plus les chercheurs et veulent des réponses. Sur les modélisations, le numérique joue un grand rôle en la matière pour adosser les critères de résilience d'un territoire, c'est-à-dire sa capacité à évoluer, aux mutations climatiques. Certains y arrivent très bien et d'autres rencontrent des difficultés.

Quant à l'aide à la décision, l'Organisation des nations unies (ONU) a mis en place un Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) qui confrontent leurs savoirs visant une technique de consensus. Ce dont on est sûr, c'est que si l'on dépasse les 2°, le virage et la survie seront difficiles. On ne fera plus de vin de Bordeaux ! Comment va-t-on évoluer ? On revient à la résilience. Le ministère de l'agriculture est au coeur de cette réflexion.

Concernant la culture, j'ai fait introduire dans le texte de la proposition de résolution la notion de diversité culturelle. Les solutions ne seront bien entendu pas homogènes. Il ne s'agit pas d'édicter des normes mais d'aider les populations à s'en sortir.

Je n'ai pas recensé les textes philosophiques littéraires, mais j'ai évoqué la richesse, en matière de prise de conscience du changement climatique, de nos musées. Les changements climatiques ont des conséquences sur la biodiversité.

Le réchauffement climatique aura également des conséquences sur le patrimoine, sur les coûts de ravalement et de réhabilitation des bâtiments.

S'agissant des médias, la proposition de loi sur la suppression de la publicité dans les programmes jeunesse, que nous venons d'adopter, participera à éviter la surconsommation.

Je voudrais également souligner que les médias ont un rôle pédagogique à jouer. Je lisais ce matin même une infographie fort intéressante dans le journal Le Monde sur la responsabilité de l'industrie charbonnière en Australie dans l'acidification des océans qui fait peser une menace sur la grande barrière de corail. Des présentations de cette qualité n'existaient pas dans les médias il y a quelques années.

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