Nous empruntons 200 milliards d’euros par an à des taux qui ne seront pas éternellement faibles, nous le savons. Personne ne peut donc s’abstraire de cette exigence, même ceux qui espèrent un jour, comme moi, l’avènement d’une politique plus accommodante de la Banque centrale européenne. Au regard du passé – la dette a augmenté de 600 milliards d’euros entre 2007 et 2012 et de 930 milliards d’euros entre 2002 et 2012 –, nous proposons une véritable rupture marquée du sceau du courage politique.
Pour y parvenir, ce projet de budget poursuit la maîtrise des dépenses publiques de l’État et de ses agences, un point sur lequel les précédents gouvernements – je suis désolé de le rappeler à MM. Dallier et Zocchetto ! – n’ont pas su agir, les dépenses publiques ayant augmenté de 80 milliards d’euros en 2010, en 2011 et en 2012 !
En 2016, les dépenses publiques augmenteront de 1, 3 % par rapport à 2015, soit un taux inférieur au taux de croissance. Nous éviterons ainsi l’écueil d’une baisse trop brutale des dépenses : une telle orientation casserait en effet la croissance et mettrait à mal la solidarité nationale, en reportant sur les ménages des dépenses coûteuses en matière de santé et d’éducation. N’oublions jamais, en effet, que, derrière les dépenses publiques, il y a des services collectifs indispensables et finalement peu coûteux par rapport au secteur privé.
Par son contenu, le projet de loi de finances tel qu’il résultait des travaux de l’Assemblée nationale marquait des priorités claires : sécurité, défense, justice, mais aussi emploi, éducation et transition énergétique. L’engagement constant du Gouvernement en faveur de l’éducation, de l’école à l’université, est essentiel, ce domaine étant le facteur clé du succès dans une économie de la connaissance. C’est aussi le meilleur moyen de préserver notre modèle social et nos valeurs républicaines.
L’engagement du Gouvernement en faveur de l’emploi, de la croissance et de la compétitivité des entreprises s’exprimait par de nombreuses mesures, avec la création d’emplois aidés et la réduction des charges salariales, en passant par les mesures en faveur du numérique et les investissements d’avenir.
Pourtant, chers collègues de la majorité sénatoriale, ce subtil équilibre, vous l’avez sérieusement maltraité avec vos amendements souvent très idéologiques, il faut le dire. Vous avez également démontré, à votre corps défendant, l’impossibilité de donner un contenu un tant soit peu concret aux grandes déclarations d’intention de vos leaders nationaux. Ces derniers volent de tribune en tribune, de plateau en plateau, et se livrent à un véritable concours Lépine des coupes budgétaires en s’engageant sur des réductions étonnantes des dépenses publiques de 100 milliards, 120 milliards ou 150 milliards d’euros !