Mes chers collègues, je rends hommage à mes prédécesseurs qui ont su instaurer cette tradition d'une mission de notre commission lors de l'Assemblée générale des Nations Unies. De cette présence dans la durée nous récoltons aujourd'hui les fruits, par la densité et la qualité des entretiens que nous pouvons avoir, en peu de jours sur place.
Il est frappant de constater combien la France est un élément clé du dispositif. Notre poids est à l'ONU plus important que notre seul poids économique ou démographique. Notre position de membre permanent, le poids de la francophonie, la force de notre politique africaine et notre capacité d'intervention militaire donnent à notre pays une position singulière et centrale. La qualité humaine de nos représentants à New York - ceci est vrai aussi des diplomates d'autres nationalités-, à l'appui de cette politique, est forte.
La réforme du Conseil de sécurité, que la France propose, prendra du temps car elle se heurte à de nombreux obstacles. Elle m'apparait tout à la fois nécessaire et difficile.
La bonne nouvelle pour le multilatéralisme, c'est que les émergents s'investissent dans le système ONU : la Chine en particulier. L'engagement chinois est évidemment la meilleure nouvelle qui soit pour la vitalité des Nations Unies. Le Président chinois Xi Jinping a annoncé devant l'Assemblée générale en septembre la participation de 8 000 casques bleus chinois et 1 milliard de dollars de financement sur 10 ans.
La réforme du veto que nous proposons -sa non utilisation en cas de crimes de masse- et que nous souhaitons mettre en oeuvre, en ce qui nous concerne, de façon volontaire, n'est pas sans poser de questions dans la mesure où il serait paradoxal que nous nous affaiblissions nous-mêmes : le veto au Conseil de sécurité est un élément de notre souveraineté et de notre indépendance. Toutefois je comprends aussi, face à des blocages qu'il ne faut pas sous-estimer, la nécessité d'être en mouvement, et d'impulser une dynamique -ce qui est bien préférable à une posture qui, en étant trop figée, serait de nature, en fait, à fragiliser, in fine, la légitimé du veto-. Je passe maintenant ma parole à mes collègues.