Intervention de Daniel Reiner

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 9 décembre 2015 à 10h05
Déplacement au bundestag — Communication

Photo de Daniel ReinerDaniel Reiner :

Longtemps, en effet, il a été difficile de trouver des convergences de vues, sur les questions de défense, avec les députés allemands. Ces derniers ont souvent eu du mal à comprendre, en particulier, notre attachement au succès des exportations d'armement de notre pays. Le climat de nos échanges de la semaine dernière était tout différent, que ce soit lors de notre réunion formelle avec la commission de la défense du Bundestag, le 3 décembre, ou lors du dîner avec plusieurs membres de celle-ci qui s'était tenu la veille. De toute évidence, ce climat a bénéficié des annonces d'engagement auprès de la France, dans la lutte contre Daech, qu'avait effectuées la Chancelière Merkel à la suite de sa rencontre du Président de la République.

Nous avons entendu s'exprimer des représentants de chaque parti représenté au Bundestag : l'Union chrétienne-démocrate (CDU), le Parti social-démocrate (SPD) - dont est membre M. Hellmisch, président de la commission de la défense -, Alliance 90-Les Verts et Die Linke (« La Gauche »). Sur les différentes questions que nous avons abordées, et spécialement sur le sujet de l'intervention en Syrie et au nord du Mali, nous avons observé un certain consensus, d'un groupe politique à l'autre, réserve faite des positions assez vigoureusement critiques de Die Linke. Ce dernier parti, du reste, a exprimé son intention de former un recours, devant la Cour constitutionnelle, contre l'autorisation donnée par le Bundestag d'un engagement de l'Allemagne dans la coalition contre Daech.

Sur un total de 610 députés allemands, 445 députés ont voté en faveur de l'intervention, 146 députés ont voté contre, 7 se sont abstenus. Il est vraisemblable que la population allemande ne soutient pas, majoritairement, cette décision, mais, à en croire les sondages, il semble du moins que l'hostilité soit moins grande qu'il y a quelques mois encore.

L'engagement de l'Allemagne, en tout cas, est tangible. La République fédérale devrait fournir à la coalition contre Daech, dans les prochaines semaines, une frégate, destinée à protéger le porte-avions Charles-de-Gaulle, un avion ravitailleur, du renseignement satellitaire et six avions Tornado de reconnaissance - les évolutions de ces appareils, par nature, n'étant pas exemptes de risques, pour les pilotes allemands... Le mandat donné par le Bundestag permet d'envoyer jusqu'à 1 200 soldats en renfort de la coalition. En outre, le plafond de l'intervention allemande au nord du Mali devrait être prochainement porté à 650 hommes, contre 150 actuellement.

Nous avons bien sûr remercié nos interlocuteurs pour l'ensemble de ces soutiens, précieux, apportés par l'Allemagne aux initiatives françaises. Il faut bien mesurer que, pour la République fédérale, un tel engagement militaire constitue une rupture politique majeure, une forme de révolution !

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