Quelques mots de bilan sur notre déplacement.
Les entretiens qui se sont tenus, les 2 et 3 décembre derniers, entre les députés et sénateurs français et les députés allemands, se sont avérés, de l'avis général de notre délégation, tout à faits constructifs. En effet, ces échanges ont permis d'apporter un éclairage des positions françaises à la partie allemande, à la veille même du vote du Bundestag qui devait autoriser l'intervention de l'Allemagne dans la coalition contre Daech. Le résultat très positif de ce vote a peut-être été en partie redevable à notre rencontre...
Les députés allemands se sont presque tous montrés disposés à accompagner les initiatives militaires françaises, sous certaines garanties bien sûr. Une part de celles-ci tiendra à la cinquantaine d'officiers allemands qu'il est prévu d'affecter à l'état-major de la coalition contre Daech. Nos collègues allemands ont tous témoigné de leur solidarité avec la France. Nous en avons été touchés, comme nous l'avons été de voir se recueillir, devant notre ambassade à Berlin, des écoliers allemands qui apportaient des bouquets de fleurs, en hommage aux victimes des attentats commis à Paris le mois dernier. Il s'agit là de signes forts de l'amitié qui unit nos deux peuples.
Il était important, aussi, que les parlementaires français, dans cette occasion, montrent à nos partenaires allemands la convergence des points de vue qui existe, sur la question de la lutte contre Daech, entre les groupes politiques que nous représentions, au sein de la délégation de l'Assemblée nationale comme dans la nôtre.
Daech a une stratégie claire, présentée dans l'ouvrage programmatique d'Abou Bakar Naji, dont le titre est limpide : « Gestion de la barbarie ». Cette stratégie, c'est la destruction du lien social dans les pays européens, en tentant de monter l'une contre l'autre la communauté musulmane et le reste de la population, en vue de la dislocation de nos États et, à terme, de l'Europe. D'où la nécessité d'une action européenne qui stoppe l'expansion de Daech et soutienne des forces locales pouvant intervenir au sol, qui favorise un processus politique afin de sortir de la crise syrienne, et qui assèche le financement du terrorisme. La France et l'Allemagne, désignées par Daech comme cibles au titre de pays « croisés », ont à cet égard les mêmes intérêts à défendre.
D'une manière générale, le changement de dispositions d'esprit de nos collègues allemands, que nous avons observé au travers des interventions de la plupart des groupes politiques, et la bonne ambiance générale de nos débats, nous sont apparus de bon augure pour une remontée en puissance de la coopération franco-allemande en matière de défense. De fait, nous avons convenu avec nos homologues de poursuivre ces échanges à intervalles réguliers, pour débattre de l'ensemble des sujets touchant à la coopération de défense entre nos deux pays, notamment en ce qui concerne les enjeux industriels.