Intervention de Delphine Bataille

Réunion du 14 janvier 2016 à 11h00
Sécurité numérique et risques — Débat sur les conclusions d'un rapport

Photo de Delphine BatailleDelphine Bataille :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je veux à mon tour saluer l’immense travail accompli par les rapporteurs de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, Bruno Sido et Anne-Yvonne Le Dain, qui nous livrent une analyse scientifique et technologique détaillée des problématiques liées à la sécurité numérique, en particulier dans les entreprises, et qui présentent de nombreuses recommandations.

À ma connaissance, il s’agit du premier rapport sur le numérique se focalisant exclusivement sur les questions de sécurité. Faisant suite au constat de ce nouvel espace économique qui s’est déployé pour les individus comme pour les entreprises, les auteurs mettent en lumière le rôle central des opérateurs d’importance vitale. Plus de deux cents d’entre eux sont en France, notamment dans les secteurs des télécoms et de l’énergie, qui privilégient la capacité de réaction et un partage rapide des informations en cas de crise.

Les rapporteurs se sont aussi imposé – cela est considérable – un examen détaillé de la technique de transmission du système d’information de l’entreprise. Cette analyse fouillée révèle l’ampleur et la complexité du risque numérique ainsi que les enjeux stratégiques et économiques au niveau national, européen et international. Elle souligne aussi l’extrême imbrication des opérateurs et la véritable mainmise des sociétés commerciales et de leur État d’origine sur l’Internet : les géants du numérique, les fameux « GAFA » – Google, Apple, Facebook, Amazon.

Le numérique est ainsi partout : les entreprises, les individus et les États sont de plus en plus dépendants de ces technologies difficiles à appréhender.

Aujourd’hui, la France connectée, avec 83 % des Français qui utilisent internet, est aussi celle du wifi, avec plus de 13 millions de bornes publiques, chiffre qui nous place loin devant les États-Unis. Notre pays est également aux avant-postes du Big data.

Cependant, il accuse un retard certain dans l’accès au très haut débit, retard qui limite ses capacités à profiter des avantages du numérique et de son intégration dans les entreprises.

Conscient de l’importance de ce secteur pour notre avenir économique et des bouleversements majeurs qu’il entraîne sur nos modes de consommation comme de production, le Gouvernement a présenté une série de mesures au plan national comme au plan européen ainsi qu’un projet de loi s’inscrivant dans la stratégie numérique de la France.

L’enjeu est vital pour notre économie et nos libertés individuelles, mais, comme cela a été dit et répété, le développement du numérique ne peut s’accomplir sans un meilleur contrôle des risques qu’il génère pour notre pays, nos entreprises et nos concitoyens.

La plupart des entreprises n’ont, semble-t-il, pas pris la mesure des transformations à venir ni des risques ou de leur vulnérabilité face aux pillages de données, malgré les nombreuses affaires dont les médias se sont fait l’écho. On a cité l’affaire Snowden, dont je veux rappeler qu’il a été le premier informaticien à révéler au monde entier des informations classées secrètes par la NSA – écoutes téléphoniques, interceptions de mails, espionnage d’entreprises et de gouvernements alliés, etc.

La sécurité de l’information comme de l’image des entreprises, que l’on appelle encore « e-réputation », sont donc des enjeux stratégiques et économiques majeurs.

L’analyse des messages numériques des entreprises et de leurs canaux de diffusion confirme que la principale vulnérabilité est liée au comportement de l’homme, ainsi que tous les orateurs précédents l’ont dit.

C’est pourquoi les auteurs du rapport insistent, à raison, sur la nécessité de réduire « l’illettrisme numérique » par l’éducation et par la création d’une culture du numérique. Ils ont été rejoints, sur la première de leurs recommandations, qui préconise une éducation au numérique dès l’école maternelle, par la proposition du Président de la République relative à l’apprentissage du codage informatique dès le cours préparatoire.

Le rapport met également à disposition des entreprises un vade-mecum de recommandations de sécurité numérique. Ce document mériterait d’être vulgarisé auprès des entreprises, qui pourraient ainsi disposer d’un certain nombre d’outils leur permettant de mieux se protéger face aux risques croissants liés au développement du numérique. J’insiste sur ce point.

Madame la secrétaire d'État, après le récent enrichissement du projet de loi pour une République numérique par les différents contributeurs via la plate-forme en ligne, l’un des axes majeurs proposés par le Gouvernement est de renforcer la protection dans la société numérique et de fournir, à travers divers dispositifs destinés à la fois aux citoyens et aux entreprises, de nouveaux outils de confiance propices aux échanges et à la croissance.

Dans cette perspective, nous comptons beaucoup sur votre engagement pour que les riches enseignements développés par les rapporteurs de l’OPECST et les solutions qu’ils proposent figurent également parmi vos priorités. Nous vous en remercions.

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