Intervention de Éric Thirouin

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 27 janvier 2016 à 9h00
Prévention des risques en matière phytosanitaire — Table ronde

Éric Thirouin, président de la commission environnementale de la FNSEA :

Je suis le seul agriculteur de cette table-ronde et je vous remercie de m'avoir invité. Ce sujet est pour nous vraiment prégnant car il est très large. En effet, le risque concerne les applicateurs, dont je suis, les travailleurs, que j'emploie, les consommateurs et les résidents, ainsi que le risque environnemental, pour la faune et la flore. Le risque phytosanitaire est en effet très vaste.

La FNSEA est résolument engagée en faveur de la prévention des risques. Notre rôle est de vous nourrir matin, midi et soir. Il faut que nous le fassions en toute sécurité sanitaire. Nous sommes particulièrement engagés, comme c'était le cas dans le Plan Ecophyto 1, et comme l'atteste le Plan Ecophyto 2.

Nous sommes favorables au Certiphyto. Aujourd'hui, aucun agriculteur ne peut acheter de produit sans Certiphyto. L'implication des agriculteurs est ainsi totale. Les pulvérisateurs sont soumis, un peu comme les automobiles, à des contrôles de pollution périodiques. Le plan Ecophyto prévoit également les fermes Dephy, ainsi que les bulletins périodiques sur le végétal qui arrivent aux agriculteurs chaque semaine pour savoir comment faire et agir. Nous appuyons et encourageons toutes ces pratiques qui favorisent l'évolution indispensable du monde agricole.

Comme en témoignent les chiffres que vous avez mentionnés et qui figurent dans les documents qui vous ont été distribués ce matin, ceux-ci sont exclusivement à charge. Lorsqu'on dit que la France est le quatrième consommateur mondial, ce n'est plus tout à fait vrai et lorsqu'on évoque le neuvième rang en Europe, il faut cependant préciser que nous sommes la première puissance agricole d'Europe ! Or, la France en neuvième place n'est pas du tout le message que véhiculent les médias qui font de nous les plus grands pollueurs de la planète. C'est faux puisque nous accomplissons des progrès immenses, notamment avec Ecophyto. Nous souffrons de cette image tronquée. Nous ne contestons pas les chiffres, mais leur interprétation qui est à charge.

Nous dénonçons actuellement le prisme retenu par Ecophyto qui concerne uniquement l'utilisation. Si on veut changer l'utilisation, mais surtout baisser le niveau de risque, conformément à l'objectif donné par la directive européenne, il faut savoir s'il existe des solutions nouvelles. En France, avons-nous mis en oeuvre des moyens pour dégager des solutions nouvelles ? Nous souhaitons résolument qu'Ecophyto 2 s'engage sur ce point. Une fois les solutions nouvelles trouvées, elles doivent être diffusées auprès des agriculteurs qui en sont les applicateurs. Il est important de faire évoluer Ecophyto sur un mouvement positif et constructif, alors que les indicateurs ne montrent que des choses négatives. Nous n'arrêtons pas de progresser et d'innover. Les produits les plus attaqués sont retirés, les pratiques agricoles s'améliorent. Si l'on veut engager une agriculture plus respectueuse de l'environnement avec de moins en moins de risques, il faut que nous engagions le mouvement. Vous avez, en tant que politiques, un rôle extrêmement important dans cette logique positive et combattive que la France doit avoir.

J'ai parlé d'innovation. Lorsqu'on parle des risques, la FNSEA a créé, avec d'autres partenaires, la filière ADIVALOR qui permet de récupérer 83 % des emballages de produits phytosanitaires. Deux bidons sur trois sont recyclés, tandis que dans les autres secteurs, on n'atteint que 35 % de recyclage. Le monde agricole est, à cet égard, exemplaire, et nous n'avons pas eu besoin d'une loi pour le faire.

En définitive, en dix ans, nous sommes passés de 1000 à quelque 400 substances actives. Ce qui signifie qu'il y a moins de produits dangereux et risqués. A-t-on regardé le rapport coût bénéfice et les conséquences ? Ce qui est important dans la réflexion que nous conduisons actuellement, ce n'est pas le principe de précaution, mais celui d'innovation. Ne va-t-on pas générer des difficultés plus grandes encore ? Je pense qu'il faut qu'on avance dans cet équilibre.

Pour conclure, nous proposons d'avoir aussi des solutions gagnant-gagnant. J'ai noté qu'Eugénia Pommaret indiquait qu'il fallait que les agriculteurs disposent d'équipements adaptés. On sait que l'Anses travaille actuellement sur la protection de l'applicateur. Mais nous savons que nous pouvons sans réglementation, avec les firmes qui fabriquent les pulvérisateurs, mettre en oeuvre un dispositif n'impliquant aucun contact lors de la mise du produit dans le réservoir. Il existe des mécanismes qui permettent une aspiration directe dans le bidon, prévenant ainsi toute forme d'éclaboussure.

Nous souhaitons être associés plus étroitement aux débats, non seulement à l'Anses et dans les commissions spécialisées, de façon à ce qu'on puisse vérifier si ce qui est imaginé pour réduire les risques est effectivement applicable pour les agriculteurs. Nous avons des idées positives pour réduire ces risques et nous devrions aboutir dans les mois qui viennent sur cette question.

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