L’article 3 et les suivants visent à doter l’État de moyens nouveaux indispensables pour mener cette guerre nouvelle.
Nous sommes face à un ennemi à la conception du monde on ne peut plus primitive, régressive et barbare, mais aux techniques de propagande et de recrutement on ne peut plus modernes.
Avec un couteau et un smartphone, en médiatisant une décapitation, Daech a pu produire dans l’humanité entière une déflagration largement comparable à celle d’une explosion nucléaire.
Au travers de la Toile, Daech dispose, mieux que d’un réseau, de milliers de bureaux de recrutement. Il récupère des foules de délinquants, souvent jeunes mais au long passé d’incivilités et de délits, le plus souvent doublés de conduites addictives : consommation de drogue, d’alcool… Nous sommes très loin du religieux ! Ces jeunes se trouvent un alibi religieux et croient donner un sens à leur vie par cet engagement. C’est le plus souvent par internet qu’ils sont recrutés, même dans les prisons, où les smartphones abondent alors que les aumôniers manquent.
Je connais aussi le cas d’adolescents de quinze ou seize ans n’ayant jamais causé de problèmes, n’ayant jamais connu de rupture familiale ni d’échec scolaire, n’ayant jamais commis d’incivilités, qui ne traînaient pas dans la rue et qui ont été happés dans leur chambre, par le biais de l’ordinateur, à l’insu de leurs familles. Les parents ne s’en sont rendu compte que lorsque ces adolescents ont cherché à partir en Syrie, et ils se sont alors empressés de les signaler aux autorités.
Cela me rappelle un vieux film d’épouvante où le diable s’infiltrait comme un ectoplasme par les interstices de la fenêtre pour voler les enfants dans leur chambre.
Nous ne pouvons lutter contre ce terrorisme démoniaque sans l’affronter sur les terrains qu’il a choisis, en premier lieu la Toile. Il ne s’agit pas d’attenter à la vie privée, comme je l’ai entendu dire lors de la discussion générale. Nous avions déjà entendu ce genre de critiques à propos de la vidéoprotection des espaces publics, et pourtant l’encadrement strict du visionnage a empêché toute dérive. Des centaines de villes de France en sont aujourd’hui équipées. Nous avions entendu les mêmes critiques à propos de la lutte contre la pédophilie.
La lutte contre le terrorisme doit être menée avec discernement. Elle repose donc d’abord sur la collecte de renseignements, selon les modalités prévues aux articles 3 et suivants.