Alors que le péril djihadiste se diffuse en Méditerranée, la question libyenne est plus que jamais préoccupante. Depuis près d’un an que Daech a pris Syrte, la situation de la population locale est dramatique. La menace, réelle et imminente, se propage à l’ensemble de la Libye.
Nous ne pouvons laisser prospérer un sanctuaire terroriste à quelques centaines de kilomètres des côtes européennes sans faire courir à nos populations un risque majeur. Le chaos libyen suscite, vous le savez, des flots immenses de réfugiés, avec leur lot de djihadistes infiltrés.
C’est une menace pour la France, pour l’Europe, mais aussi, au sud, pour l’Afrique, qui a déjà fort à faire avec AQMI et Boko Haram.
Plus que jamais une telle situation atteste l’importance de l’opération Sophia en Méditerranée, tout en en révélant aussi les limites. La question d’une intervention militaire, aérienne et au sol, est donc clairement posée : elle serait conduite sous l’égide de l’ONU et soutenue par des alliés européens, comme la France et l’Italie, dans le cadre de l’OTAN. Cette question est sur la table.
Depuis Rome, Laurent Fabius laisse entendre que « cette perspective n’est pas d’actualité ».
Je comprends, monsieur le secrétaire d’État, que la France soit en attente d’une demande du gouvernement libyen, en dépit de ses difficultés actuelles, pour prendre l’initiative d’une telle opération ou y participer. Je ne doute pas non plus qu’à ce stade, alors que cette crise est aux confins de la politique, de la défense et de la diplomatie, il soit difficile de donner des précisions.
Malgré tout, plusieurs questions se posent. Comment nous préparons-nous à cette perspective ? Avec qui et avec quels objectifs ? Le cas échéant, comment pourrions-nous nous engager sur un nouveau front, avec nos moyens budgétaires et opérationnels actuels ?