Questions incisives ! Concernant la gouvernance de la HAS, j'ai été surprise de l'absence de parité entre hommes et femme au collège. Pareil déséquilibre est de plus en plus rare. Il manque aussi des compétences économiques, voire une représentation des patients, au nom de la démocratie sanitaire. Voilà ce que j'entendais par réforme de la gouvernance.
La HAS étant par nature indépendante, la question du lien avec le ministère de la santé n'a pas lieu d'être. Dans les agences que j'ai présidées, j'ai été nommée par différents gouvernements et je n'ai pas rencontré de problèmes ; je n'ai pas un positionnement politique ou idéologique, mais scientifique.
Quatre membres du collège achèveront leur mandat en 2017. Il n'est pas question de démission. Mais si l'ordonnance mentionnait que chacun effectue un seul mandat, comme je le préconise aussi pour le président de la HAS, le renouvellement pourrait avoir lieu. Pour ce qui est de l'ordonnance, je n'ai pas connaissance d'un avant-projet : le Gouvernement y travaille.
Je ne sache pas que la Cnam ait la possibilité d'influencer les avis rendus par la Commission de la transparence de la HAS. Peut-être les membres de la commission prennent-ils inconsciemment en compte le coût des médicaments mais ni la Cnam ni les pouvoirs publics ni le CEPS n'interviennent dans ses évaluations.
Il me semble bon que les patients s'emparent des recommandations. La relation médecin-patient est toujours singulière ; mais il est intéressant pour le malade de comprendre pourquoi, dans son cas, le praticien suit ou non une recommandation. Et mieux vaut des recommandations de la HAS que des recommandations émanant de laboratoires ou de sociétés savantes dont on ne sait par qui elles sont financées, ou influencées. Je pense au Vidal...
Des sociétés savantes indépendantes et des industriels souhaitent que les tests prédictifs du cancer du sein soient remboursés. Cela nécessite une évaluation par la HAS : elle est inscrite au programme de travail 2016... à la demande de l'INCa.
Je ne comprends pas ce que M. Barbier sous-entend dans sa question concernant le monde de la recherche aujourd'hui. J'ai fait toute ma carrière de médecin et de chercheur en étant indépendante. Il en va de même pour mon mari.
L'exercice de la médecine est difficile. Je suis restée un médecin de terrain, conservant une consultation hebdomadaire. J'estime que les médecins doivent être partie prenante dans les recommandations relatives aux bonnes pratiques ; tout ne peut venir de l'administration. Des recommandations comminatoires ? Non, mieux vaut qu'elles soient incitatives, l'idéal étant que les professionnels aient envie de s'en emparer.