Lorsque j'étais médecin, comme vous je me demandais à quoi servaient les diverses agences. L'intérêt de la HAS est qu'elle inscrit son action dans le temps long, ce qui lui donne toute sa place face au politique. Ancrée dans le champ scientifique, elle échappe aux modes : il importe de préserver ce caractère. Pour avoir travaillé dans deux agences, l'IRSN et l'INCa, je n'ai pas constaté un règne de la bureaucratie. Les agences font largement appel à des experts extérieurs et l'idée de fonctionnaires rédigeant leurs recommandations est une idée fausse ! Une précision, je n'ai pas « appartenu à un certain nombre » d'agences, j'ai été consultée par elles comme expert. La seule HAS fait appel à 2 500 experts par an en moyenne...
Opérer des rapprochements entre petites agences, les pouvoirs exécutif et législatif s'y emploient, mais cela prend du temps car il y a des aspects humains : les personnes sont très engagées au service de leurs missions, je l'ai constaté à l'INCa notamment.
L'expertise sanitaire repose sur un trépied, compétence, indépendance, transparence des avis - ce qui signifie que les liens d'intérêt, comme les avis divergents, doivent être rendus publics. À rechercher des experts sans aucun lien d'intérêt, on va au-devant des problèmes dans les disciplines pointues. Si vous acceptez ma nomination à la Haute Autorité de santé, je veillerai à l'application de critères de qualité dans le choix des experts, au bon affichage des liens d'intérêt, à la bonne évaluation des conflits d'intérêts... Ce qui existe déjà, bien sûr, mais je poursuivrai en ce sens en mettant l'accent sur les compétences.
L'accréditation se pratique déjà pour les professionnels qui interviennent dans des domaines très à risque, les compétences comme le développement professionnel continu étant examinées - mais non les capacités managériales. Néanmoins tout cela doit se faire sur la base du volontariat ; et l'on n'imagine pas de l'imposer pour tout exercice de la médecine !
Des regrets ? Ce n'est pas mon genre. J'ai rempli une belle mission à l'INCa. Avec un plan cancer très ambitieux, la feuille de route est maintenant tracée. Une autre très belle mission est devant moi, qui concerne la qualité des soins et la préservation du système de santé, auxquels je suis très attachée.