Je voudrais à mon tour remercier de leur présence l'ensemble des participants à cette table ronde.
Le sujet sur lequel nous souhaitons vous entendre - la démographie médicale et la lutte contre les déserts médicaux - est un sujet important qui préoccupe nombre de nos concitoyens et sur lequel nous avons besoin d'être éclairés de la manière la plus exhaustive, la plus actuelle et la plus objective possible.
Nous en avons déjà débattu à l'occasion de l'examen de la loi de modernisation de notre système de santé à l'automne dernier. Mais les mesures incitatives mises en oeuvre par le Gouvernement dans le cadre du « pacte territoire santé » restent insuffisantes et ne permettront pas, à elle seules, de résoudre l'épineuse équation de la démographie médicale. Il faut aller plus loin, comme le recommandait le président Maurey dans son rapport de 2013.
La France n'a jamais compté autant de médecins - 198 365 en exercice régulier en 2015, dont 44,7 % de libéraux - mais ils n'ont jamais été aussi mal répartis sur le territoire. Les écarts de densité varient de 1 à 4 entre le département de l'Eure qui compte 167 médecins pour 100 000 habitants et Paris qui recense 678,2 médecins pour 100 000 habitants.
Nous savons aussi que la situation s'aggrave, à la fois en termes de disparités géographiques et en fonction des spécialités, avec des évolutions inquiétantes en médecine générale, rhumatologie, dermatologie, chirurgie générale et ORL. Les difficultés vont encore mécaniquement s'accentuer, si aucune réponse forte n'est apportée : le « creux démographique » est attendu pour 2020.
L'objectif de cette table ronde n'est pas de dresser un état des lieux de la démographique médicale, que nous connaissons tous plus ou moins. Il s'agit de passer à la phase suivante, celle de l'élaboration de solutions qui fonctionnent, pour les millions de Français qui vivent dans des déserts médicaux.
C'est la raison pour laquelle nous avons souhaité vous rassembler et mettre autour de la table des représentants des médecins et jeunes médecins, avec M. Patrick Bouet, Président de l'Ordre national des médecins et Mme Émilie Frelat, Présidente du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) ; un représentant des infirmiers, qui ont mis en place des initiatives efficaces pour réguler la démographie de leur profession, avec M. Didier Borniche, Président de l'Ordre national des infirmiers ; une représentante de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAMTS), qui est le financeur de notre politique de santé, en la personne de Mme Hedda Weissmann, sous-directrice responsable du département des professions de santé ; des représentants des territoires dans lesquels les difficultés d'accès aux soins sont les plus inquiétantes, avec Mme Catherine Arenou, vice-présidente de l'Association des maires ville et banlieue de France (AMVBF) et Mme Nathalie Nieson, députée de la Drôme et présidente de la commission santé de l'Association des petites villes de France (APVF).
Pour la bonne organisation de nos débats, je propose à nos invités de commencer par une brève intervention liminaire d'environ cinq minutes résumant les principales solutions préconisées par l'organisme qu'ils représentent, et leurs effets attendus, en s'en tenant à la question bien précise de la lutte contre les déserts médicaux ; à la suite de quoi nos collègues poseront leurs questions, en s'efforçant de limiter leur intervention à deux minutes.
Je souhaiterais me tourner pour commencer vers les élus des territoires qui connaissent des difficultés, les territoires ruraux, bien sûr, mais également les petites villes et les banlieues de grandes villes - je rappelle que l'APVF vient de publier, mardi 9 février dernier, un rapport pointant la fragilisation de l'offre de soins dans les petites villes en périphérie d'agglomération.
Quelle est l'étendue des besoins non couverts ? Comment la population réagit-elle ? Quels sont les leviers que vous utilisez déjà pour tenter d'y répondre ? Quelle est leur efficacité ? Telles sont les questions que je souhaiterais vous poser.