Notre association réunit les villes et banlieues autrefois classées zones urbaines sensibles et que l'on appelle aujourd'hui les quartiers « politique de la ville ». Ces quartiers, caractérisés par la densité du logement social et qui ont, depuis quelques années, reçu toute l'attention de la politique de la ville, sont aussi ceux qui ont subi les premiers un phénomène de désertification médicale. Dès 2007, la densité médicale y était inférieure de 47% à celle des autres agglomérations, pour les généralistes, et de 74 % toutes spécialités confondues. La situation, comme vous l'imaginez bien, n'a fait que s'aggraver depuis. Les bassins de vie qui comptent de tels quartiers enregistrent un important recul de la démographie médicale. Ainsi, à Grigny, celle-ci a reculé de 71 % en trois ans, sans capacité, dans un quartier aussi important que celui de la Grande Borne, de rattraper ce retard.
Depuis un certain nombre d'années, des dispositifs ont été mis en place, parmi lesquels les premières maisons de santé, financées dans le cadre de la politique de la ville et portées par les élus, sans aboutir à des effets positifs. Pourquoi ? Parce que dans ces quartiers, ce sont les services publics dans leur ensemble, qu'ils soient municipaux ou d'Etat, qui ont peu à peu fait défaut. Si bien que pour un médecin généraliste, rester installé dans un territoire en telle déshérence devient une gageure. Sans compter que près de 70 % des médecins généralistes ont, dans ces quartiers, plus de cinquante-cinq ans - une génération de hussards de la République appelée à disparaître bientôt, sans aucune perspective d'assurer leur succession.
Nous n'avons pas de solution miracle à proposer, mais sachant que dans ces territoires, les données de santé ne vont pas sans une importante composante sociale, qui alourdit et décentre la prise en charge médicale, ce qui n'attire pas les jeunes générations de médecins, nous avons, dans le cadre des programmes de rénovation urbaine de deuxième génération, lancé l'idée de travailler sur des équipements publics mutualisés, intégrant le social, le médical et le paramédical. Il s'agit de réinjecter, dans ces quartiers, du service public, en donnant, dans cet ensemble, toute sa place à la médecine.