Intervention de Hervé Maurey

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 17 février 2016 à 9h00
Démographie médicale — Table ronde

Photo de Hervé MaureyHervé Maurey, président :

Mme Nielson devrait bientôt nous rejoindre ; en revanche, les maires ruraux n'ont pas souhaité répondre à notre invitation, jugeant qu'il n'est plus temps de débattre mais de passer aux actes. Le message qu'ils nous ont adressé est sans équivoque et témoigne d'une exaspération que je puis comprendre. Je le lis ! « Nous déclinons l'invitation au motif que nous ne comptons plus le nombre d'auditions, de tables rondes, de participations à des travaux de réflexion sur le sujet. Nous considérons que l'heure n'est plus au diagnostic ni à la définition de réponses, à tergiverser entre mesures incitatives ou coercitives. La nécessité et l'urgence commandent. Les échanges polis autour d'une table ne peuvent faire illusion plus longtemps. L'heure est plutôt à assumer ses responsabilités. Par delà les corporatismes et idéologies de toute nature, il est plus que temps de la décision et de passer à l'action. » Ce coup de gueule témoigne de l'exaspération des élus ruraux. Et ils ne sont pas seuls en colère, puisque malheureusement, les déserts médicaux gagnent sur l'ensemble des territoires.

Je remercie l'ensemble des intervenants pour leurs positions mesurées sur un sujet où l'on s'enflamme parfois de manière un peu vive et excessive. Permettez-moi quelques remarques, avant de passer la parole à mes collègues. Je ne suis pas d'accord sur l'idée qu'il y aurait désert médical où il y a désert républicain. Malheureusement, on trouve des déserts médicaux partout, et pas seulement là où les services publics sont absents. Je suis maire d'une ville de 11 000 habitants qui est une sous-préfecture, où les équipements sont satisfaisants et que le train met à 1 h 20 de Paris. Pourtant, chaque année, un médecin part à la retraite que l'on n'arrive pas à remplacer.

Je note un consensus pour dire que l'incitation seule est un échec. Il est heureux qu'après vingt-cinq ans, on soit au moins d'accord là-dessus. Un certain nombre d'entre vous ont employé le terme de coercition. Mais ce que propose la commission que j'ai l'honneur de présider, ce n'est pas de la coercition, mais bien de la régulation, sur le modèle de ce qui existe pour les infirmiers. Une régulation, ainsi que cela a été rappelé, non pas à l'installation mais au conventionnement, ce qui n'est pas la même chose, et qui a produit des effets. C'est une piste dont je souhaite que l'on puisse débattre.

Il faut certainement, comme l'ont relevé plusieurs intervenants, améliorer le cursus des futurs médecins. On forme aujourd'hui davantage de futurs praticiens hospitaliers que de futurs médecins de ville. Les étudiants en médecine sont, de fait, presque entièrement formés à l'hôpital, ce qui est bien pratique, j'en conviens, pour les hôpitaux publics qui bénéficient ainsi de compétences à très bon marché, mais ne permet pas aux étudiants de découvrir la médecine ambulatoire.

J'aimerais que nos échanges mettent en avant des pistes et répondent à la question suivante : y a-t-il aujourd'hui d'autres solutions que la régulation que nous préconisons ? Mme Weissmann a évoqué la délégation d'actes. C'est un levier utile, que nous avions évoqué dans notre rapport, mais toute nécessaire qu'elle soit, elle n'est pas suffisante. Encore une fois, si vous voyez d'autres moyens que la régulation, nous serions heureux de les connaître.

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