Je m'interroge sur l'enseignement de la médecine générale. Est-il pertinent, efficace ? Certes, la féminisation de la profession médicale fait que moins d'étudiants sont poussés vers la spécialité de généraliste, mais il me semble que le problème est moins quantitatif que qualitatif. Est-il pertinent de ne sélectionner nos futurs médecins que sur les maths et la physique ? En Roumanie, les jeunes étudiants - dont beaucoup sont du reste français - avant de commencer un cursus, sont envoyés en stage aux urgences, en Samu, chez les pompiers ou dans les maisons de retraites. On peut ainsi apprécier s'ils ont la fibre d'un médecin. Au regard de quoi le jeu de massacre qui a lieu chez nous en juin pour les premiers cycles ne me paraît pas opportun.
Je comprends les jeunes médecins, qui n'ont pas envie de souffrir comme leurs aînés, mais cela pose le problème des gardes. La dernière directive de l'ARS m'interpelle et m'inquiète : les gardes sont organisées dans les sous-préfectures, sur la base du volontariat de certains généralistes dans les centres hospitaliers. Ce qui veut dire que plus de cent jours par an, les week-end et les jours fériés, la permanence des soins n'est plus assurée pour ceux qui n'ont pas de moyen de transport. Il y a de quoi tirer la sonnette d'alarme. Que devient le serment d'Hippocrate ? Les animaux sont désormais mieux soignés que les êtres humains, puisque les vétérinaires se déplacent en toutes circonstances.
La régulation est pour moi la seule solution - pour peu que l'on installe des maisons de santé sur tout le territoire, qui permettront aux médecins de se répartir la charge et de travailler selon des horaires plus prévisibles, ce qui rassurera les plus jeunes. Il n'y a là rien de coercitif ; ils pourront choisir entre plusieurs sites sur le territoire. Je ne vois pas d'alternative.