Je m'adresse surtout au représentant du Conseil de l'ordre des médecins, en m'excusant de la douleur exquise que je vais lui infliger d'emblée. J'ai lu le Livre blanc du Conseil, qui livre des réflexions, des propositions et où l'on trouve même de vieilles utopies, comme cette notion de démocratie sanitaire - car je n'oublie pas le flop phénoménal que furent les conférences sanitaires mises en oeuvre en 2005-2006 : il faut dire que lorsque l'on met dans la même salle l'ARH, avec son rôle de comptable, et le corps médical, qui essaie de bien soigner, on finit dans une impasse.
Il est une chose que ce Livre blanc n'évoque pas, cependant, c'est le numerus clausus ou autres mesures contraignantes à l'installation. Sans doute est-ce compréhensible, puisqu'il s'agit d'un livre de propositions et non pas en défense. En revanche, le bulletin de l'Ordre des médecins de juillet 2015, intitulé Démographie, huit idées reçues et corrigées, m'interpelle. Dans son éditorial, on lit que les mesures contraignantes sont une fausse bonne idée, pour deux raisons. « Tout d'abord parce que la profession dans son ensemble est vent debout contre cette perspective », y lit-on. Pensez-vous, docteur, que lorsqu'une profession est franchement contre, on ne doit rien faire ? Le législateur que nous sommes a besoin de savoir, car à quoi bon travailler pour rien ? « D'autre part, parce qu'il s'agit d'une mesure contre productive qui aboutirait à un abandon pur et simple de l'exercice libéral. », poursuit l'éditorialiste. Mais si des mesures contraignantes étaient prises, quel serait, au vrai, le scénario ? Aux jeunes diplômés, on dira la chose suivante : la nation a payé pour vos études, vous avez un devoir de service public ; vous pouvez vous installer quand vous voulez, dans le secteur I ou II à votre choix, avec les horaires que vous voulez, les vacances que vous voulez, les thérapeutiques que vous voulez, les clients que vous voulez ; la seule chose que l'on vous demande, c'est de ne pas vous installer à certains endroits. En quoi ce scénario aboutit-il à un abandon de l'exercice libéral ?