Je dois être trop jeune... Beaucoup de médecins sont alors arrivés sur le marché. Jusqu'au début des années 2 000, l'accès à l'internat était draconien. Ceux qui voulaient devenir spécialistes le passaient, et les autres devenaient des généralistes. Puis s'est progressivement mis en place le résidanat pour les généralistes, c'est à dire l'obligation de passer par l'hôpital en externe, mais sans passer le concours de l'internat. Et depuis les années 2010, l'ECN (Epreuve classante nationale) s'est mise en place : nous sommes tous spécialistes et passons tous par l'internat.
Si bien qu'après la grande vague d'installation de médecins généralistes, qui a permis à tous les petits villages de France d'avoir un médecin, nous ne sommes plus suffisamment nombreux pour remplacer l'ensemble de ceux qui vont partir à la retraite. Mais l'enjeu est-il de se disputer les médecins entre communes ou d'assurer les soins sur un bassin de santé ? Les jeunes médecins ont clairement envie de travailler ensemble - pas forcément dans des structures telles que des maisons de santé, mais du moins dans des cabinets groupés, pour ne pas être isolés. Pourquoi ne pas prévoir, pour couvrir les besoins, un roulement entre les médecins déjà installés, ou bien des transports en commun ? Ce qui est sûr, c'est qu'il ne pourra plus y avoir un médecin dans chaque village.
Lorsqu'on me dit que les études ont été payées, mon coeur fait un bond. Quelques rappels : entre la quatrième et la sixième année d'études, durant lesquelles l'étudiant en médecine fait un vrai mi-temps à l'hôpital, il est payé 100 euros. Comment vivre avec 100 euros ? Soit on a l'aide de ses parents, ou d'une bourse, soit il faut travailler à côté. À l'hôpital, l'externe est certes formé, mais il joue le rôle de secrétaire, de brancardier, d'aide-soignant, etc. Cela permet de connaître la réalité des rouages de l'hôpital public, mais ce n'est pas ce qui fait vivre un étudiant en alternance - car il s'agit bien d'une sorte d'alternance. Il est vrai que l'externe fait aussi des gardes, mais elles sont payées 50 euros tout au plus. Je reconnais que la deuxième et la troisième année d'études sont clairement subventionnées par l'Etat et que durant l'internat où l'on se trouve à temps plein à l'hôpital, on est payés 1 200 euros - on n'a alors quasiment plus de cours. Mais franchement, les deux années d'externat que nous accomplissons fournissent un bon retour sur investissement. Nous ne nous en plaignons pas, car nous avons conscience des exigences de la permanence des soins, mais que l'on ne vienne pas nous dire que nos études sont payées : nous travaillons pour qu'elles le soient.