Je vous remercie de votre invitation à cette table ronde, qui touche à un vrai problème, auquel les maires des petites villes de France sont confrontés au quotidien - au point que la question de la présence médicale dans nos communes a compté parmi les sujets des dernières élections municipales, ce qui est symptomatique.
L'APVF est interpellée sur ce sujet depuis plusieurs années, et a produit quatre livres blancs en quinze ans. Et les préoccupations sont telles que nous avons été conduits à y revenir, dans une étude que vous trouverez sur notre site.
Les petites communes se heurtent à un vrai problème de présence médicale. Ce phénomène va au-delà des seules communes rurales et touche les communes périphériques des grandes villes. Je suis maire d'une ville de 10 000 habitants dans la Drôme, Bourg-de-Péage, dans une agglomération de 20 000 habitants, au carrefour du couloir rhodanien et du sillon alpin, à 20 km de Valence, 80 km de Grenoble et 100 km de Lyon ; une commune où se pose pourtant un problème de démographie médicale, preuve que le problème ne concerne plus les seuls territoires ruraux reculés mais bien des bassins de vie assez dynamiques.
Quel est le constat ? En premier lieu, l'âge de nos médecins, dans un grand nombre de communes, est élevé. Beaucoup ont plus de 55 ans et la perspective de les remplacer est nulle. Obtenir un rendez-vous avec un médecin en place peut demander six à neuf mois - quand on a la chance d'être accepté comme patient. Alors que j'habite Bourg-de-Péage, j'ai du aller chercher mon ophtalmo à Grenoble, car dans ma commune comme à Valence, aucun ne prenait de nouveau patient.
Entre installation de médecins libéraux et présence hospitalière, on constate un effet de ciseau. Nos petits hôpitaux voient des services fermer, des regroupements s'opérer, pour des raisons démographiques que l'on peut comprendre, mais le fait est que plus l'offre hospitalière se restreint, moins les médecins libéraux sont attirés.
L'APVF se veut un aiguillon. Nous sommes là pour pointer les problématiques que nous rencontrons. Faut-il être coercitif ? Faut-il être incitatif ? Nous n'avons pas de réponse à apporter à ce vrai débat. Mais ce qui est clair - et j'entends les remarques du président du conseil de l'Ordre des médecins - c'est que l'on ne peut pas s'en tenir à cette situation, appelée à se dégrader. Les élus des petites villes tirent la sonnette d'alarme. Ils ne restent pas inactifs, et formulent des propositions. Ils mettent de l'argent dans les maisons médicales, avec toutes les difficultés que cela suppose. J'ai bien entendu l'appel à évoluer vers des synergies ; nous comprenons que le médecin ne peut plus rester seul dans son cabinet, et nous sommes prêts à accompagner ce mouvement. Mais on sent que cela ne suffit pas. Il faut que les uns et les autres fassent preuve de bonne volonté, sauf à devoir en venir à une évolution par voie législative.