On comprend bien, après tout ce que l'on vient d'entendre, que la solution ne saurait être unique
J'entends la colère de Mme Frelat et la partage. Le monde de la santé n'est plus dans la situation qui était la sienne il y a quelques décennies. Parmi les infirmiers, qui ont pourtant fait des efforts, le malaise est patent. Au cours des quarante dernières années, on a manqué d'infirmières, au point qu'il a fallu aller en chercher en Espagne et en Roumanie. Mais cela n'a pas fonctionné. On a alors entrepris d'ouvrir un peu plus les études et d'être plus incitatifs. Mais je crains que l'on ne retombe aujourd'hui dans les travers du passé. Dans le monde hospitalier, dont je suis issu, les conditions de travail sont devenues terriblement complexes et les rémunérations dérisoires si on les compare à celles d'autres pays. Une infirmière, à bac + 3 ou bac + 5, débute avec un salaire qui ne dépasse pas le salaire minimum de plus de 200 euros. Ce n'est guère incitatif.
Nous sommes entrés dans le virage ambulatoire. On veut diminuer le coût de l'hospitalisation, les temps de séjour à l'hôpital et renvoyer plus rapidement les patients chez eux. L'organisation doit être adaptée en conséquence. Or, tel n'est pas le cas aujourd'hui. Il arrive que nos collègues libéraux se retrouvent avec un patient, sorti le vendredi soir de l'hôpital public sans qu'aucune information leur soit transmise. C'est un problème.
Le monde infirmier est prêt à négocier ce virage des compétences, en bonne intelligence avec les médecins, avec lesquels nous formons, pour le patient, un important binôme. Nous sommes prêts à vivre cette réforme des compétences à travers le système LMD (Licence, Mastère, Doctorat) mis en place il y a déjà un certain nombre d'années en Europe, et que la France a été parmi les derniers à rendre opérationnel.