J'admire la démonstration de Jérôme Bignon, mais des maisons de santé ont été créées ailleurs, y compris dans des territoires plus difficiles ; or, cela ne marche pas à tous les coups. Peut-être est-ce le littoral de la Somme qui a fait la différence...
La lettre des maires ruraux ne me choque pas. Nous sommes élus de la nation et n'avons pas le droit de baisser les bras, mais nous pourrions aussi avoir une telle réaction. Je n'oublie pas le sort qu'a connu l'amendement porté par Jean-François Longeot, le même que celui, similaire, que j'avais défendu à l'Assemblée nationale sous une autre majorité. Il y a de quoi se faire du souci. Pourtant, comme le soulignait tout à l'heure notre collègue Poher, ce que nous préconisons est loin du coercitif. Nous nous fondons, dans une logique pragmatique, sur ce qui a été fait pour la profession d'infirmier. On ne peut pas se contenter de nous opposer que ce n'est pas le même métier. Réguler en plafonnant les zones surdotées n'a rien d'extravagant. Il faudra finir par y arriver.
Je rejoins le propos de la représentante des jeunes médecins. C'est dès le stade des études que les choses se jouent. Les étudiants en médecine ne peuvent rester confinés, durant leurs périodes de stage, dans les CHU et les hôpitaux. C'est en faisant des stages dans les milieux qui se désertifient qu'ils gagneront un autre regard. On s'imagine que l'endroit n'est guère habitable, et on finit par s'y trouver bien. C'est un peu Bienvenue chez les Ch'tis. On commence par pleurer d'y être arrivé, et on finit par pleurer d'avoir à s'en aller. C'est un phénomène que je connais dans mon département de Haute-Saône : les fonctionnaires sont horrifiés d'y être mutés, et à la fin, ils ne veulent plus en repartir. Deux préfets y ont même acheté une maison ! C'est par la fréquentation de nos territoires, par les rencontres qu'ils y feront, que les jeunes médecins finiront par les aimer. Il faut absolument améliorer ces périodes de stages, car le danger est réel tant sont nombreux les médecins qui approchent de la retraite.